25/09/17 - Je suis allé à Etretat
Je suis dans ma voiture, j'ai essayé
d'y enlever les canettes vides qui s'y trouvent, je suis
confortablement installé, il ne me reste plus qu'à rouler. Je
prends la direction Mayenne, au Nord de Laval, en passant par le
rond-point des anneaux, c'est une route à 110, à en juger par le
son du moteur le voyage commence. En voiture je me distrais en disant
des banalités. Je parle simplicité, harcèlement, science,
entreprises simplistes, échelle diatonique, art, philopsophie, etc.
Je ne fais pas plus attention que ça au cadre. La route qui ne
laisse pas voir grand chose. Il faut dire qu'il fait nuit.
J'ai parlé du son de la 306 parce
qu'elle fait en dB le même vacarme qu'une GT. J'exagère à peine.
Les gens se retrournent dans la rue quand ils l'entendent prouter.
Parfois ça énerve des propriétaires de voitures de statut, à tel
point qu'ils se sentent obligés de faire du bruit pour se rassurer.
Pendant mon voyage j'ai eu affaire à 3 ou 4 spécimens de cette
éspèce. Mais, de toutes façons, la majorité des gens circule dans
un habitacle isolé, avec musique, radio, complètement déconnectés
de ce qui se passe autour d'eux. J'aurais bien été comme eux mais
ma radio fait un bruit saturé agressif, et elle doit se bagarrer
avec un son de moteur assourdissant. Donc, moi, j'ai choisis la
solution la plus raisonnable : bouchons dans les oreilles et absence
de radio. De toutes façons, quand j'ai eu terminé de mettre le
plein d'essence, t'as la radio qui s'est allumée toute seule (pas
la premire fois), j'ai entendu des footeux, et ça parlait d'un match
Lyon vs Castre. Je me suis dit que ça servait à rien de continuer à
écouter cette débilité et que je perdais pas grand chose à
éteindre ce bordel.
Donc, j'ai été en direction de
Mayenne, ensuite j'avais pour projet de suivre ..........
J'ai fait un arrêt à Bayeux, je me suis
arrêté pas loin d'une église, et j'ai dormi 3 heures. Dormir 3
heures dans la voiture c'est pas confortable. J'ai allongé le siége,
j'ai essayé de me mettre sous ma veste parce que la voiture étant à
moitié trouée le froid allait pas tarder à remplacer la chaleur.
Au bout de 3 heures j'étais repartis. Mais allez savoir pourquoi,
tout du long, à chaque fois que j'arrêtais le moteur je me disais :
"est-ce qu'elle va redémarrer ?". Je sais pas, une
angoisse. Je me dis qu'un de ces quatres je vais l'arrêter
quelque-part et elle redémarrera plus du tout. Je redoute le moment
où ça arrivera.
.........traverser le Havre, et arriver
enfin à Etretat.
Il y avait des places de parking à
côté d'un terrain de sport. Ca tombait bien, il n'y avait pas grand
monde. Quelques personnes qui promenaient leurs chiens et surtout un
couple qui regardait chaque maison et faisait des commentaires. Je
les ai croisé dans une ruelle. Elle était fine et légèrement plus
grande que moi, elle avait un air de prof. Lui avait l'allure d'un
technicien en je sais pas quoi, il était de la même taille qu'elle.
Ils regardaient absolument tout. Lui s'est même arrêté devant
l'appareil pour récupérer des tickets de stationnement. Il l'a
fixé, s'est penché en avant pour mieux voir, c'est subitement
penché en arrière pour voir de plus loin, et s'en est allé
rejoindre madame en sautillant comme pour aller retrouver maman qui
ne l'a pas attendu. Elle montrait du doigts des détails des maisons,
notamment une petite sculpture en bois. Elle, je l'ai entendue dire :
"c'est joli", et quelque chose du genre : "c'est
calme". Je marchais à la même vitesse qu'eux, un peu plus
rapidement, et je suis donc resté un moment dans leur dos avant
qu'elle ne me remarque et décide de faire un mouvement arrière pour
s'approcher d'une maison et me laisser les doubler.
Je suis arrivé sur une rue plus
importante, il y avait des feux, des voitures, des piétons. De tous
les âges. J'ai traversé en dehors des clous, là où je pouvais. Je
me suis aidé d'un GPS et j'ai fini par réussir à arriver à
destination. Mais tout était tellement bruyant ... que je
commençais déjà à fatiguer. Parce que j'avais enlevé mes
bouchons d'oreilles, je m'étais dit que c'était pas très
présentable, que ça me rendrait encore plus repoussant aux yeux des
autres.
J'arrive au niveau de la plage, il y a
du monde. A droite on ne voit pas grand chose, à gauche il y a une
énorme falaise qui s'avance vers la mer et on voit de toute petite
personnes dessus qui marchent. Je regarde comment m'y rendre et je me
dis que si on arrive à voir ce qu'il y a là haut de là où je me
trouve, je préfère prendre à droite. Je vais donc à droite.
Je suis un couple de japonais. Elle
fait ma taille, il est un peu plus grand. Je me dis dans ma tête :
"ils ont prit des hormones de croissance les japonais ou quoi
?". Et nous arrivons au niveau d'un escalier. Encore un escalier
! J'espère que j'aurais pas des escaliers tout le temps, où que
j'ailles. C'est un escalier en brique. Il va tout droit, puis à
droite angle droit, puis deux fois à gauche et qui se termine. Il
est entre deux parois murales, en couloir. Mes japonais n'arrêtaient
pas de se prendre en photo. Elle s'arrête, il la photographie. Il se
prend en selfie avec elle en fond. Et ils font ça tout du long. Un
moment, dans un angle d'escalier, ils sont en plein shoot photo,
j'attends derrière qu'ils terminent, et descend une famille
d'espagnols. Le père les voit, il dit un truc du genre "hép
hép hép!", écarte les bras, et retient tout le monde pour
éviter de se retrouver sur le cliché. Les japonais terminent leurs
clichés, et l'ascension reprend. Les espagnols sont souriants.
Mais le petit garçon de la famille a une tête à claque. On a envie
de lui en coller une.
Nous arrivons là haut, et évidement,
là-haut c'est pas là-haut. Il faut continuer sur des escaliers en
terre et rondins de bois, en béton, ou simplement en terre, jusqu'à
une sorte de chapelle qui se trouve sur le lieu d'arrivé.
Sur mon passage, je croise un troupeau
de japonais (si je puis me permettre), appareils photos et
smartphones en mains, qui mitraillent les falaises. Je réaliser que
nos deux tourteraux vont retrouver les leurs. Ils étaient donc là
les autres.
Je continue à marcher, je regarde les
non japonais, ils avaient tous des smartphones en mains et prenaient
tous des photos. Comme quoi, les jap auront réussit à imposer la
dictature de la photo touristique à tout le monde. Partout, il y a
des gens qui se sont arrêtés. La montée étant trop raide, ils
font des pauses, regardent le paysage, ils soufflent. Mais puisqu'ils
sont là, je n'ose pas arrêter, je continue.
Vers la fin, je n'en pouvais plus.
J'étais à bout, mes jambes avaient rendues leur tablier, je les
faisaient travailler sous la menace de suicide. J'entendais mes
poumons qui se demandaient bien s'ils allaient pas non plus
abandonner, se rendant compte que même à plein régime ils
arrivaient plus à répondre à la demande d'oxygène. Et moi je me
disais: "une marche, deux marche, trois marche, quatre marche",
tout en étant témoin que je mourrais progressivement.
Tout à coup, j'ai entendu derrière
moi un souffle pénible. Deux jeunes hommes qui semblaient souffrir
autant que moi en montant. Je me suis mis à les écouter. L'un
parlait perte de poids je crois. Je me suis dis : "jamais je te
laisserai, enfoiré, terminer cet escalier alors que j'aurais
abandonné avant". Donc je suis arrivé au bout, sans pauses, et
j'ai vu que le souffleur était un gars en surpoids qu'avait une
tenue sport moulante. Il était bras sur la taille, bougeait
légèrement le haut de son dos, comme pour voir où est-ce que ça a
le plus travaillé en stimulant une douleur. Son "pote"
était maigre, lui. Il avait pas l'air de souffler plus que ça.
Autour de nous, il y avait du monde,
trop de monde, impossible de se concentrer sur une personne en
particulier. Ca bouge, ça parle, ça fait du fruit.
J'ai vu un enfant s'approcher de la
chapelle pour y voir je ne sais pas quoi. La chapelle était déjà
cernée par les randonneurs. D'autres se détournaient du seul
monument pour s'approcher du vide et voir le bas. Il n'y a
strictement rien à voir sinon de l'eau à perte de vue. Si on avait
voulu observer la falaise, il aurait fallut être en bas, ou bien
avancer sur une passerelle suspendue dans le vide (une idée pour les
responsables du tourisme dans le coin).
Il y avait du monde. Ca semblait être
le point de rencontre le plus bouillonnant du parcours. Il valait
mieux s'éloigner. Alors, j'ai marché sans m'arrêter. Plus on
irait loin et moins on croiserait de gens. Nous serions d'égal à
égal, dans un contexte moins tendu.
A ce moment, une petite fille blonde a
prit des photos, a rejoint ses parents, a dit que ses photos étaient
les plus belles, et son père lui a dit qu'elle n'était pas modeste,
que les photos des gens devaient certainement être plus belles que
les siennes. Elle n'a pas essayé de lui tenir tête.
Inutile de dire que je savais que
j'avais l'air ridicule dans ma chemise moulée, avec mon gros ventre,
ma poitrine, mes grosses jambes, ma petite taille, mes lunettes, ma
coupe de beauf, mes chaussures rondes, mon pantalon trop large ...
tout ça je le savais. Ce que je suis je peux pas le changer (j'ai
pas les moyens). Donc, je décidais de faire comme si de rien
n'était. Je me concentrais sur les gens, et surtout le sentier. Le
sentier commence par être assez large, puis il devient pelouse, puis
il devient petit faussé cresé par les millions de marcheurs.
J'ai croisé beaucoup de monde,
beaucoup de gens dignes d'attention, mais je ne les ai pas tous
gardés en mémoire. Ils avaient tous trop l'air suspect. Je peux
dire que certains me regardaient avec insistance. Ce que j'ai retenu
c'est que j'ai croisé un homme en haut noir à capuche, avec un
petit chien en laisse. Il était suivi par une rousse à lunettes
rouges, avec son copain. Et après eux, un homme à chapeau, suivi
d'un groupe compact de trois personnes. Dans ce groupe il y avait une
femme aux cheveux longs, poivre et sel, qui se recoiffait en mode
Loréal. La rousse m'a dit bonjour, et le copain n'a pas dit un mot.
Je les ai regardé et je me suis dit
qu'ils avaient tous plus à voir avec des gauchistes qu'avec des
nationalistes. Je sais pas, c'est ce que je me dis. Et si c'est le
cas, ça pourrait expliquer le côté donneur de leçons, incapables
de démontrer leurs thèses autrement que par la force d'un
personnage imaginaire qui représente "le mal". Comme s'ils
admettaient par l'usage de l'extrême violence, qu'ils ne peuvent
pas justifier les idées de "tolérance" (favoriser un cas
reconnu stigmatisé, par rapport à un cas inconnu). Ca expliquerait
pourquoi on me fait tant de mal sans raisons. C'est une démonstration
de force pour m'obliger à abandonner LA raison.
Donc, moi, j'avais l'intention de
marcher des heures, mais au bout d'un moment je suis tombé face à
une descente assez dangereuse, du genre qu'on termine en glissant sur
les fesses. Elle était le long du vide. Je me suis dit que si je
tombais, que je roulais, et que mon pied venait se placer de telle
sorte que ça me réoriente sur le côté, j'avais une chance de
terminer tout en bas, mort, ou sur le point de l'être. Donc j'ai
essayer de descendre un petit peu et j'ai finalement choisis la
solution demi-tour.
Sur le chemin de retour. J'ai vu un
avion dans le ciel qui tournait autour de moi. Je me suis senti visé.
J'ai pensé que c'était pour me harceler qu'il était là. Je l'ai
regardé un peu et j'ai marché. En marchant je me remettais le
calçon en place et je me disais : "ptin mais j'espère qu'ils
filment pas dans leur coucou".
J'ai croisé deux anglaises avec des
sacs à dos. Elles marchaient vite. L'une d'elle a dit : "He
does'nt look happy". Arrivée à mon niveau elle m'a dit
"bonjour" avec son accent caractéristique et un niveau
sonore à l'anglaise (c'est à dire fort). J'ai répondu "bonjour",
et sa copine ma dit : "mmmhmhmh", ce qui ne veut
strictement rien dire, même en anglais. Je me suis demandé si elles
parlaient pas de moi.
J'ai croisé quelques personnes qui
m'ont fixé particulièrement, mais qui n'avaient pas de
caractéristiques spécifiquement identifiables.
J'ai croisé deux femmes, une grande et
une moyenne. La moyenne dit à la grande qu"il a acheté un
chalet", la grande réponde : "c'est énorme". Je ne
sais pas si elles parlaient de moi ou si c'est en me voyant que le
rapprochement s'est fait avec l'énormité de la chose.
Il y a eu une femme à sac à dos, avec
son copain, elle parlait du prix d'un iphone : 600 euros. Elle
faisait ma taille. Lui était grand et maigre. De manière général
c'est les femmes qui parlent. Les bonshommes ne mouftent jamais. Elle
avait stocké dans le fessier, rien de dramatique, mais quand-même.
Je me suis dit qu'elle devait pas sortir des gentillesses sans être
intéressée (en tout cas, si on en fait une complice).
J'ai vu un homme, assez gros, très
gros, je me suis dit : "oh mon dieu ! Si je suis aussi gros que
lui c'est horrible !". J'ai regardé comment il était foutu.
J'ai regardé les autres, les maigres. Et puis je me suis dit qu'il
était super gros mais qu'au final ça faisait pas tâche à côté
des autres. Je veux dire, il se fondait dans le décor. Il était
avec un groupe. Je me suis approché et ils avaient un fort accent
Belge. Je me suis dit que lui il devait pas y aller molo sur les
frites et la bières (les pires ennemies de la ligne).
J'arrivais près de la chapelle, là où
s'amasse la foule. Ils se tassaient au bord du vide, c'était à qui
irait voir le plus près. Comme si gagner 10 mètres sur 10
kilomètres de distance ça allait changer quelques choses.
Je les ai ignorés et j'ai essayé de
regarder un peu les gens avant que partir. Il y avait des
morphologies diverses. Deux rebeuses avec un enfant qui m'ont fixé
longuement, avec une indifférence totale, elles avaient l'air
blasées. Je me suis dit qu'elles en étaient à coup sûr.
J'ai descendu les marches, en bas j'ai
croisé une bimbo, la 60 ène, qui descendait de son vélo. Genre
obus, corps fin de la tête aux pieds. Qui s'étend en arrière, dans
sa combinaison noire moulante, pour montrer sa paire à tout le
monde.
Et puis je suis rentré chez moi. J'ai
hésité à passer devant une voiture qui sortait d'une propriété
privée. Ca a fait sourir une fille qui passait là. Je me suis dit
que c'était bien la première depuis des lustres qui sourit en vrai
et en direct à un truc que je fais.
Et puis ma fois, j'ai croisés des
familles de richards. Une femme agée qui imitait son petit fils en
disant : "c'est la faute de l'arbittre ! Il donne des points
aux autres !". Dans ma tête c'était : "ptin, eux aussi
ils sont pourris au foot ?".
Je suis sorti d'Etretat et j'ai eu une
petite histoire d'amour avec une clio grise. Elle était conduite par
une fille qui conduisait comme une bourine? J'essayais de la suivre,
elle fonçait. La route était cabossé, alors elle me montrait
qu'elle connaissait le lieu en faisant parfois des écarts sur la file
de gauche. Quand elle me voyait plus dans le rétro elle m'attendait.
On s'est promené comme ça. Elle m'a fait faire un tour. Et on s'est
quitté dans un rond-point parce qu'elle a pas supporté que je sois
avec AVR.
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