21/09/17 - Je suis allé à Paimpont
Je suis allé à Paimpont Aujourd'hui. Route assez facile : Direction Rennes, sortie 10 de la rocade de Rennes, suivre la N24, jusqu'à la sortie Paimpont. Je me suis garé devant un parking en face du cimetière. Il y avait personne. J'ai suivi un itinéraire de randonnée qu'on pouvait trouver sur internet.
J'ai pris mon smartphone, une appli GPS
de rando, et j'ai marché.
A peine suis-je lancé que la pluie
commence à tomber. Je m'arrête sous un arbre, mais ça ne veut pas
arrêter, alors je poursuis sous la pluie. J'arrive devant une sorte
de ferme, on me dit qu'il faut traverser la ferme pour suivre
l'itinéraire. C'est étrange. Et puis je remarque un panneau en bois
gravé qui indique bien le passage, en disant qu'il est ouvert hors
période de chasse.
Jusqu'ici tout va bien. J'arrive à
l'entrée d'une forêt. Par terre, ça ressemble à un chemin
pédestre. Je suis ce chemin, en surveillant mon GPS pour ne pas
perdre la destination. Puis le chemin devient de moins en moins
clair, puis il disparait jusqu'à ce que je me retrouve dans un total
bordel forestier sans plus rien au sol pour me guider. Je me dis :
"je m'en fout, je trace ma route tout droit". Et me voilà
à enjamber des troncs coupés, des branches arrachées, à pousser
des plantes, à éviter des toiles d'araignées, les godasses
trempées.
Puis je me met à entendre des
explosifs, direction Nord et Nord-Ouest. Je me dis que c'est étrange.
D'un côté ça pête, puis de l'autre, comme si ça se répondait
presque. Au tout début j'avais pensé à des bucherons ou des
bricoleurs qui frappaient du bois, mais là il semblait assez évident
qu'on était face à des explosions.
J'ai réfléchis et je me suis dit que
ça ressemblait à des feux d'artifices. Je me suis dit que ça
pouvait être un lieu de test pour les évènements festifs. J'ai
écouté longement, tout en marchant, pour finalement remarquer que
le rythme des éxplosions avait plus à voir avec une arme à feu.
"Mais comment on fait pour savoir si c'est une période de
chasse" que je me dis. Le panneau parlait bien de la possibilité
de tomber nez à nez avec des chasseurs.
Je continue à marcher en direction des
coups de fusils. Parfois, ça fait comme le bruit d'une bombe plus
gros. Je m'imagine des armes et des espèces de grenades. Par moment
ça fait comme si on tirait avec une mitraillette.
Je me dis que si c'est des chasseurs
ils devraient pas tirer sur n'importe qui, et que de toutes façons,
la mitraillette, ça m'étonnerait que ça soit des chasseurs.
J'avance, dans la forêt, c'est de pire
en pire. J'en suis à me baisser, à laisser des branchages trempés
me frotter le corps. Je ne sais pas si je vais arriver quelque part
un jour, de toutes façons on ne voit rien.
Pour finir je tombe sur une longue
route en terre et pelouse qui traverse la foret. Je regarde mon GPS
pour voir où je suis, apparemment il est sur le point de décéder,
il capte plus rien, mais quand il a des moments de réactivité il a
l'air de me dire que je suis dans la bonne zone.
Je décide donc de suivre la route en
pelouse en me disant que ça allait bien comme ça les végétations
compactes. Et puis j'arrive devant un nouveau chemin qui ouvre à
nouveau vers la forêt, de l'autre côté, en direction des coups de
feu.
Je reste là, fixe, je regarde ce
chemin, je me dis : "j'y vais, j'y vais pas ?". J'ai
écouter le son des coups de feu, j'ai eu l'impression qu'ils
bougeaient un tout petit peu, je me suis dit : "c'est là qu'ils
sont mobiles, que tu te prends une balle, ce serait con". Donc
je décide de pas prendre le chemin, d'aller faire un tour et de
revenir plus tard si j'ai pas ailleurs où aller.
Au bout de la route en pelouse, un
croisement avec une route en goudron, les voitures passent à toute
allure. Je traverse et je vois clouté à un arbre un panneau
"Défense d'entrer". Je me dis que c'est étrange, pourquoi
là on a pas le droit, et là d'où je viens on peut ? J'hésite à y
aller quand-même, mais je me dis que s'il y a une sorte de garde
forestier à la con il va venir me gaver. Donc je fais demi tour. Et
en repassant le croisement avec la route à voitures, je remarque une
inscription disant qu'on est sur une proprétée privée. Enfin bref,
j'ai rien compris à cette histoire, mais je décide quand-même
d'aller au chemin qui va en direction des coups de feu.
Quand j'arrive devant l'entrée du
chemin, que j'ai eu les fringues trempées et les godasses pleines de
boue, je tombe sur un vieux, justement là. Grand, maigre, avec une
sorte de panier et des petites bottes courtes. Il avançait
lentement, on sentait qu'il était pas apte à courir un marathon. Je
le vois, il me fixe, je continue à marcher, il me fixe encore. Je me
décide pour finir à lui lancer un "bonjour", et il me
répond avec une voix étouffée, aiguë de vieillard : "bonjour".
Je me dis dans ma tête : "il a à
voir avec les coups de feux ?", "il est en rapport avec le
propriétaires des lieux ?", "il va pas me chercher des
noises j'espère ?". Mais j'ai fait comme si de rien n'était et
j'ai repris ma route pour retourner sur mes pas. Je vois une entrée
vers la foret, en direction d'où je viens, j'y entre, mais je sais
que ça va se jouer à la boussole.
Pour l'instant je suis un chemin, je me
dis qu'il faut essayer d'aller le plus loin possible où il pourra
m'emmener. Je regarde autour de moi, au cas où une curiosité
pourrait occuper mon attention. Mais je suis inquiet parce que mon
GPS en a plus rien à foutre de rien. Même la 4G se met à sauter.
Je suis complètement en mode survie, faut essayer de fixer une
direction et de s'y tenir.
Alors je marche, puis, alors que je m'y
attends pas, mon pied frappe un truc au sol qui se brise et saute en
plusieurs morceaux. Je regarde ce que c'est et je remarque que c'est
un champignon. Carrément, un champignon ? Je le ramasse pour le
regarder, il est assez dur, impressionant. Je repense alors au vieux
et je me souviens de son panier. En fait, il cueillait des
champignons.
Du coup je me mets à en chercher moi
aussi, je me dis que je veux voir à quoi ça ressemble. Je veux en
trouver par moi-même au moins une fois. Et je cherche, et je
cherche, j'en ramasse un, puis deux, des différents, je me mets même
à espérer qu'il y en ait un toxique pour me dire que j'en ai ramasé
un toxique. Quand tout à coup je suis tombé sur un énorme truc :
un cèpe. OMG ! LE cèpe. Je vois un insecte marcher dessus, il y a
peut-être une araignée énorme dessous, mais là j'en ai rien à
foutre, il me le faut, je mets mes mains sous son chapeau, je saisie
sa tige et je tire. Il s'enlève sans résister. Je le contemple, il
est de toute beauté. J'essuie les morceaux de feuilles mortes qui
collent à sa base, et je le mets dans ma poche.
Au loin, à travers les couches
d'arbres, à 200 mètres, je revois le vieux, regardant le sol
attentivement. Je pense au champignon dans ma poche et je me mets à
me demander s'il n'avait pas le droit de me faire des reproches parce
que j'avais ramassé la bête sur une propriété privée. Je me suis
dit qu'entant qu'habitué, il avait peut-être ses coins, qu'il
allait peut-être me dire que je lui vole ses champignons, ou un truc
du genre. Qu'il allait me parler propriété privée quoi, justice,
tout ça.
Mais dans la réalité, il en avait
strictement rien à faire de moi. Il était tellement prit par sa
quête que je pouvais ne pas être là ça n'y changeait rien.
Alors je suis repartis avec mon butin
en poche et mon GPS foutu pour enjamber tout ce que je pouvais
enjamber J'ai été à droite, à gauche, suis tombé face à des
faussées, des murs végétals, j'ai fait demi tours plusieurs fois,
j'ai cru voir un chemin intéressant mais le vieux l'avait déjà
emprunté et il était encore regard au sol à chercher. Je décide
donc de repartir à travers la masse végétale, et sur ma route je
tombe sur des nids à cèpe, des monstre de champignons, de tailles
phénoménales. Je décide d'en prendre quelques uns et j'en laisse.
Je me dis que si le vieux repasse il dira pas que j'ai tout pris.
J'ai les poches pleines, me reste plus
qu'à sortir. Pour finir mon GPS a remarché, j'ai coupé au travers
d'une plantation de sapins, marché dans la boue, et ai fini par
sauter par dessus une faussé pour rejoindre une route qui menait de
là où j'étais venu.
Je me dis quand-même que des
champignons dans des poches, mêmes amples et molles, ça devait pas
être terrible. Ca pouvait les abimer ou je sais pas quoi. Je me
disais aussi que je m'en foutait un peu de si ils étaient ou non
comestibles. Ce que je cherchais c'était à voir où on pouvait les
trouver et à découvrir des variétés.
Je suis finalement rentré à la
voiture sous une pluie battante, trempé, les lunettes couvertes de
gouttes de pluie. J'ai enlevé mon cahouet, vidé ses poches de ses
champignons, mangé un sandwitch et ai repris la route du retour.
J'aurais pu trouver un autre point de
départ pour aller marcher mais là il pleuvait trop. Valait mieux
rentrer.
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