14/09/17 - Convocation par le conseil régional


Je me réveil vers 7h15, c'est trop tôt, il vaut mieux attendre 8 heures. Je veux m'assurer que j'ai bien mes 8 heures de sommeil et que je gâche pas ma journée à bailler. 7h30, je sens que je suis reposé, j'ai envie de me lever. J'attends malgré tout 8 heures et je me colle devant l'ordinateur.

Je cherche sur Google Maps où se trouve le lieu de rendez-vous. Il me semble qu'il est du côté du grand immeuble qu'appartiennent aux impôts. Et après vérification, il est dans une sorte de vieille galerie marchande désaffectée.

Je me douche, je frictionne mes nénés, mes poignées d'amour, mon zizi, mes fesses, enfin je suis propre quoi (peut-être oublié les chicos, les pieds aussi). Je m'habille. Un pantalon en tissu ample pour loger "mes jumelles" comme dit Homère, un maillot large pour ma poitrine et une chemise pour recouvrir le tout et cacher les formes sataniques. Je mets mes lunettes. Que vois je dans la glace ? Murielle Robin qu'aurait prit énormément de poids. Moi qui me rêvait étalon italien, sec, grand, sportif, ... J'en peux plus de la vie.

Je prends ma voiture, je regarde mes papiers, j'ai bien ma convocation, j'ai mon certificat médical d'inaptitude à la vie, et je fini par trouver dans une pochette mon attestation de formation. Je branche mon smartphone sur sa batterie portative, je démarre, et en avant.

Je passe à côté de Carrefour, sort une voiture de police. Je me dis : "c'est quand-même pas pour moi dites donc ?". J'essaye de la semer, en roulant normalement, c'est à dire vite, en zig-zag, doublant tout ce qu'est moue du genoux en me faufilant dans les moindres espaces formés par les distances de sécurité entre véhicules. Je regarde dans le rétroviseur intérieur, ils ont disparu, retenus par la circulation.

J'arrive sur place, et je me stationne dans un espace disponible entre une clio blanche et une barrière de travaux d'égouts, ou d'électricité, ou de télécommunication. Je prends mes feuilles, et je fonce vers la galerie marchande. Une fille me regarde, et dans ma tête je me dis : "si seulement tu m'avais vu beau gosse, sec, musclé, grand, t'aurais pas l'idée que t'as dans la tête en ce moment". Limite en train de me dire : "mais pourquoi toi et les autres vous m'avez obligés à me retrouver là, maintenant, comme une grosse femme, à me faire juger ?".

Une fois dans la galerie marchande, je cherche ou est le conseil régional. Déjà, la galerie marchande ça devait être un projet immobilié ambitieux qu'a complètement raté. Une catastrophe. Ca ressemble à une galerie lafayette au milieu de nul-part. C'est désert. T'as des rideaux métalliques, il fait un froid glacial, il y a une ou deux personne qui passent à toute vitesse alors que normalement il devrait y avoir une foule monstre.

Je trouve la porte d'entrée, la même que sur le document imprimé. J'y vais, viens une femme à sac à main en même temps que moi. On est planté devant la porte coulissante qui ne s'ouvre pas, de l'autre côté les secrétaires. Un vieux, sec, barbu, avec un sac à dos, nous fait signe de passer par la droite en faisant d'amples gestes comme pour guider un avion. Je me dis : "il y a une porte à droite ?". La filel dit : "je crois qu'on doit passer par là-bas". Je la suis, et en effet, on trouve la porte, et on entre.

Je me disais que ça devait être tout propre à l'intérieur, mais non. Il fait froid, terriblement froid. Deux secrétaires derrière un bureau en S. La fille passe, elle donne une clef à la secrétaire. J'arrive, je dis que j'ai rendez-vous à 9h20. Elle me dit classiquement : "oui, quel est votre nom ?", avant de dire : "vous allez patienter sur les chaises rouges là-bas, je vous appellerai".

Je suis sur une chaise, à côté de deux portes d'ascenseur. Il y a une mini-table avec des prospectus mais je ne m'y intéresse pas. à côté de moi, une glace murale. Je me lève, je me regarde pour vérifier si je ne suis pas devenu l'étalon italien en marchant jusqu'au rendez-vous. Mais non, il y a rien à faire. Je suis dégouté. Cette chemise moule ma poitrine, une horreur.

A l'ascenseur, viennent des gens, sveltes, dynamiques (buveurs de café et ragoteurs surtout). Une me tape dans l'oeil, grande, fine, brune, dans le genre d'AVR. Elle m'a même pas calculé, j'existais pas ça changeait rien à sa vie. Elle m'a même pas fait l'honneur de la dégoutter.

Arrive un homme à l'accueil, en costard, issu du conseil régional semble t-il. Il demande monsieur ... il donne mon prénom sans le "s". Il demande plusieurs fois, la secrétaire ne réagit pas, et il arrive vers moi. Je me lève, on est parti. Dans le couloir : serrage de main. Et il m'indique une porte à côté de la sortie, c'est un bureau au rez de chaussée (donc, l'ascenseur c'est pas pour moi déjà).

Je trouve là, une dame, brune, cheveux frisés, haut noir, pantalon rouge. Nous nous installons. C'est une petite table noire, avec 4 chaises noires, 2 de leur côté, 2 du mien. Ils se présentent mais je saisis pas vraiment ce qu'ils me disent, je sais qu'ils sont du conseil régional. A les voir je ne sais pas s'ils sont juste dans l'administration ou s'ils ont des fonctions dans le privé en plus. Elle, je l'aurais bien vu dans la justice. Lui, je sais pas trop.

Le ton est calme. On me demande pourquoi je suis au RSA depuis si longtemps. Pourquoi j'ai eu un arrêt maladie depuis décembre 2015, pourquoi je ne déclare pas mes revenus de formation à la CAF, pourquoi, pourquoi, pourquoi.

Je suis étonné, il n'y a pas de questions agressives, méchantes, accusatrices, indexe pointé vers moi, air méchant, avec une passion sadique de torture. Non, ils ont pas l'air de vouloir ma mort, c'est détendu. Mais depuis des jours je me dis qu'ils en sont, qu'ils sont dans la confidence,

J'explique que je viens d'une famille issue de l'agriculture, que j'ai choisis la voie informatique, qu'on m'a menacé de mort en décembre 2014, m'empêchant de poursuivre en informatique et m'obligeant à prendre le RSA. Que j'ai fait des crises nerveuses, j'ai eu des angoisses, que j'ai été chez un psychiatre, qu'il a diagnostiqué une schizophrénie, que ça n'a pas eu de suites. On me demande si j'ai une déclaration travailleur handicapé, je dis que n'ai pas fait la demande. On me demande pourquoi je ne porte pas plainte pour harcèlement, je dis pour ne pas être considéré comme schizophrène avec délire paranoïaque et interné, pour la simple raison que je n'aurais pas de preuves à fournir.

Je dis que je veux chercher du travail avec mon permis C, on insiste bien que le fait que depuis 2 mois, j'aurais dû déjà le faire. Je dis que je me reposais du stresse de la formation. Et je sais plus comment, mais ça se termine sur du : le RSA permet pas de s'acheter quoi que ce soit, je survis, routier c'est pas une passion mais j'ai pas le choix.

Ah si, il me dit qu'ils s'inquiètent qu'un gars comme moi prenne la route. "Si vous transportez des barres de plutonium, je m'inquiète", un truc du genre. "celui qui fait ça il doit être passionné par sa profession", un truc du genre.

L'entretient se termine, ils me disent qu'ils m'enverront des courriers et que le mieux à faire c'est de me fliquer avec des rendez-vous tous les 15 jours auprès d'un organisme spécialisé dans le harcèlement d'entreprises. Elle consulte mes papiers et ils me libèrent.

Je pars en direction du secrétariat. J'ai mal au dos, mais je suis contant que ça soit fait. Les secrétaire me disent que la sortie c'est pas la sortie. Je me dis "ah oui ! le vieux qui fait des gestes". Je retourne vers la sortie. Le "monsieur du rendez-vous" m'ouvre la porte. Je dis merci et je m'en vais.

Je me sens gras, endolori, repoussant, et en même temps je me dis que j'ai tout le temps de maigrir à nouveau. Il faut juste qu'ils ne me mettent pas la main dessus.

PS : j'avais une idée fixe derrière la tête, toute la journée. Un défit.

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