23/09/17 - Forme d'un texte, tradition, club


Je sais pas réellement comment soigner mes textes pour qu'ils soient capables de faire autre chose que de me servir de mémo perso. Puisque, oui, ils me servent de mémo perso. Ils servent pas à autre chose. Je les écris pas pour la postérité, pour avoir un public, pour intéresser les gens, ou pour comploter un coup d'état. Je n'écris que pour garder une trasse de ce que j'ai eu envie de noter à des moments de la vie.

Je crois qu'il faut lire des livres pour s'habituer à en voir et comprendre comment ils sont écrits.

J'ai tendance à lire de la littérature classique, venue d'un temps ou la langue ne cherchait pas à saisir la même réalité. Elle composait avec des esprits bornés, devait être sûre d'elle-même, et elle n'avait pas à cotoyer les millions de discours marketings divergeants qui inondent le monde. Elle devait simplement faire avec quelques dogmes en place, forts, avec de fidèles adeptes, mais qui n'hésitaient pas à débattre longuement pour prouver la véracité de leurs croyances.

Aujourd'hui, plus personne ne croit en rien, sauf lui-même. On a donc des rédacteurs de textes qui cherchent à éxister dans le bordel du monde. Et ces textes n'ont pas d'autre but que d'être des produits qu'il faut vendre. Peu importe si le texte s'inscrit dans une tradition, de toutes façons il a la même importance dans les esprits que le dernier dentifrice super blancheur extra.

Alors moi je suis bien embêté.

Qu'est-ce que je peux utiliser comme forme de texte pour arriver à en faire quelque chose ? Je les positionnes dans une tradition ou pas ? Je les éxploites comme un produit commercial ou pas ? Qu'est-ce que je fais ?

Jusqu'à maintenent, j'ai essayé de me positionner dans un héritage à la fois visuellement grand public, et renvoyant l'image que me donnent les médias de moi-même. C'est une situation de dialogue qui est proposée, entre moi et mon reflet. Or, plus je renvois à mon reflet son image et plus il me retourne une pauvre image de moi-même. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus que : Le caca, le pipi, le zizi.

Mais ce dialogue doit-il avoir une forme spécifique ? Ou simplement, comme il est, être la démonstration naïve de ce que cherche l'observateur ?

En face de moi, on ne cherche pas à défendre un idéal et à me ralier à la cause. Comme je l'ai dit, les gens sont individuels. Ce qu'ils font c'est tout simplement me considérer comme l'ennemie, et agir sans plus réfléchir. Si je devenais la risée du monde, ruiné, malade, pratiquement sur le point de mourir, ils diraient que c'est la loi du marché qui l'a décidé ainsi. Que c'est le dentifrice qui valait plus cher que ma poire. Qu'il vallait mieux miser sur des dents blanches que la survie du type là-bas.

Ce que le type là-bas a à craindre le plus, aujourd'hui, c'est les réseaux. Des dogmes sans doctrine qui se font et se défont. Des associations d'individualités qui s'entendent pour créer un dentifrice suceptible de valoir plus cher que la poire du type là-bas.

"Notre réseau est constitué de belles personnes, vous voulez y faire partie ? Et bien commencez par apprendre une chose, nous ne fréquentons que les gens qui ont des dents blanches". Et voilà qu'on nous présente le dentifrice formidable. Un produit révolutionnaire qui vaut pas moins de 10 poires de types comme celui là-bas.

Mes textes c'est ça. C'est le dialogue avec des réseaux de gens qui veulent me vendre des dentifrices. Mais pour ce faire, il faut d'abord que je perds. Je dois admettre que j'ai échoué à vendre mes textes renvoyant l'image de gens qui veulent que j'achète leur dentifrice. Sauf que je peux pas échouer à ça. Comment voulez vous qu'on échoue à renvoyer le reflet d'un reflet ? S'il ne reste que du néant, est-ce parce que je suis vide, oubien parce que vous n'avez même pas de valeur à me donner autre que celle du marché ?

Donc, le fond, j'ai abandonné l'idée d'en mettre. La question principale c'est vraiment la forme. Dois-je citer ce à quoi je réponds ? Fournir des preuves de ce que je dis ? Oubien dois-je simplement donner à voir une réaction immédiate à un phénomène ou une information, sans qu'on sache à quoi elle fait référence ?

Le style et le niveau de langage, doit-il essayer d'être plus intellectuel, plus précis, carré ? Oubien doit-il chercher à garder la spontanéité du langage fleuri ?

Actuellement, je suis à un niveau totalement instinctif de rédaction. Et je ne suis pas sûr qu'on sâche réellement à quoi je fais référence quand je parle. Je ne détail rien, je survole. On me dit que ce que je fais est simple, sans préciser en quoi il le serait.

Si des réseaux m'affrontent, qu'ils veulent disloquer mon monde pour m'obliger à fuir ailleurs, chez les faiseurs de dentifrices, il faudrait qu'ils envisagent la possiblité que cette dislocation passe par un meurtre. Puisqu'en moi il n'y a rien, comment peut-on enlever se rien sinon en tuant le porteur du rien ?

Là où je suis philosophe, c'est que je suis nihiliste, comme les autres, mais je crois qu'il est possible de trouver des vérités collectives nationales, voir un peu plus que nationales. Le marketing n'étant pas à mes yeux une vérité, les relations éphémères amicales ne sont pas non plus des vérités.

Alors j'effectue des recherches solitaires de vérités nationales. Recherches qui semblent embêter les fabricants de dentifrices.



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