22/08/17 - La lourdeur des divertissements

Quand je vais bien, c'est à dire que je suis au mieux de ma forme, c'est à dire que j'arrive à lire un peu, écrire quelques phrases, et penser à ce que j'ai fait, en règle générale j'ai du mal à me distraire en regardant un programme violement débile.

Avant, j'avais les Simpsons lorsque ça n'allait pas du tout. Quand j'étais triste, seul, que je me sentais abandonné de tous, sans personne avec qui passer du temps agréablement, je me mettais un épisode et je disparaissais. Je rentrais dans l'épisode et devenais des débiles qui font des trucs insensés, à qui il arrive toutes sortes de catastrophes. C'était un moyen de quitter le monde réel, j'aimais assez.

Quand j'avais des pulsions sadiques qui venaient s'ajouter à ma connerie, je regardais plutôt des mangas animés. C'est simple, efficasse, ça suit toujours le même modèle, une croissance infini vers la toute puissance. Dans Dragon Ball par exemple, Toriyama est obligé d'inventer des moyens de redescendre la puissance des personnages tellement ils sont rendus à un stade tel qu'ils peuvent pratiquement s'envoyer des galaxies dans la gueule.

ET puis, en même temps que les Simpsons et les mangas, je peux consommer des films thématiques classiques, ou sadiques.

J'en viens à AVR. Elle est devenue ma drogue alternative. Si je l'écoute sans entendre ce qui se dit dans l'émission, on est très clairement face à un programme qui va violement me rendre débile. Et pourtant, après coup, de ces émissions il reste quelques choses qui peuvent être utiles à un réamorçage de l'intelligence.

Rien à voir avec elle, mais il y a plusieurs niveaux de rapport à un objet. C'est un peu comme si on regarde une voiture en marche pour apprécier son son. Et puis un jour, on regarde la même pour voir quelle est sa marque et son modèle. Et puis encore un autre jour, on s'intéresse à ses caratéristiques techniques. Et pour terminer on s'intéresse au fonctionnement de sa mécanique pour commencer à la démonter.

Bah c'est un peu ça qui m'arrive. Mon niveau d'attention et d'intelligence croit lors d'une confrontation à un objet, mais mon rapport à celui-ci va déterminer si mon attention et mon intelligence vont croitre ou décroitre. Quand je commence à chercher à comprendre comment fonctionne un objet, en général c'est que je vais très bien. Mais étrangement, au lieu de rester attentif, je vais vouloir passer à la contemplation passive d'un objet plus complexe. J'affirme donc que toutes les "débilités" ne sont donc pas égales, elles peuvent être de différents niveaux. Il y a donc différents niveaux de "contemplation demeurée" répartie entre différents objets.

Les bipolaires, qui oscillent moralement entre phases hautes et phases basses sont des demeurés. Ils tendent à préférer une débilité suppérieure à une intelligence inférieure. Ils montent dans un espace mental flou, au lieu de rester à un espace mental clair. On dit de ces gens que ce sont des ratés, qu'ils sont schizophrènes ou fainéants. Pourquoi seraient-ils fainéants ? Parce qu'éxercer un métier, ou travailler, c'est être contraint de rester au même niveau mental pendant un moment, sans en bouger, ou en le faisant une fois que les fondations de ce niveau d'intelligence sont solides (structure et mémoire du savoir faire).

Le choix entre assention floue ou stagnation claire est un choix entre plaisir destructeur et plaisir austère. Le plaisir destructeur nous entraine vers un climax qui va précéder la chute, le plaisir austère nous stabilise à un seuil moral "normal" et régulier.

Je suis un fainéant, mais de haut niveau. Je suis passif et contemplateur d'objets complexes. Je suis un amateur de plaisirs destructeurs. C'est exactement ça qui me rend dépressif.


Ne pas maitriser la complexité d'un objet par l'intelligence entraine un surmenage émotionnel, une fatigue, des angoisses, et pour finir une dépression. Il aurait été préférable que je comate devant une émission de Cyril Hanouna, mais le désordre inintelligible des interventions cumulées d'intelligences de bas niveau, irrite ma débilité de haut niveau. J'ai besoin de gens intelligents pour être détendu et fainénant.