13/11/17 - Doom


Quand j'avais, je sais pas, 6, 7, 8 ans. Mes parents on été invité chez des amis agriculteurs. Leur fils s'appelait Noel. Je me souviens qu'ils avaient une photo d'enfant sur un meuble, et que ma mère me disait : "c'est leur fils ainé, il est mort d'un cancer". On m'a invité à aller jouer avec l'autre fils. Il m'a présenté sa chambre, j'ai vu ses jouets, il m'a proposé de jouer à des jeux vidéos (la première fois de ma vie que j'en voyais), j'ai accepté.

Il m'a placé devant son ordinateur, m'a expliqué ce qu'était un clavier, une souris (je sais même pas s'il y avait une souris d'ailleurs). Et il a lancé ce jeu.

Il m'a montré, a avancé le perso, tiré, tué des ennemies. J'ai eu très peur des tirs, des ennemies, du son, du sang. Je surveillais le pourcentage de vie. Il m'a laissé les commandes. Je l'ai bougé. Un ennemie est arrivé, il m'a tué, j'ai eu très peur, et pour finir j'ai passé la soirée entière à faire tourner le personnage dans un bassin, en surveillant partout si des ennemies allaient pas approcher.

Il m'a fait jouer à Doom parce que Diablo c'était trop difficile.

Depuis cette première approche, j'ai toujours eu peur des ennemies de jeu vidéo, et c'est encore le cas. Jouer à un jeu non scripté ça me stresse. Si le comportement des ennemies et des objets est pas déjà défini par avance je suis en panique. Un peu comme dans la vie réelle à vrai dire. Je ne suis à l'aise que dans les situations ritualisées : rendez-vous médical, administratif, etc.

Quand j'ai fini de jouer au jeu, j'en ai parlé à personne. J'avais les yeux brulants, et j'étais stressé. Je pense que je me disais que c'était honteux, comme si j'avais "montré mon zizi". J'avais le sentiment d'avoir fait quelque chose de mal en jouant à ce jeu. Je me disais que si les adultes le savaient j'allais peut-être me faire gronder, me prendre une claque ou  un truc du genre. Je me sentais coupable d'avoir accepté de lancer la partie.

"On va rentrer !" j'ai entendu. J'avais envie de faire pipi parce que trop stressé. On est sorti dehors, dans la nuit, il faisait frais, j'avais mon manteau, la tête brulante. On m'a attaché dans le siège passager de la Renault 19. On est rentré. On m'a couché. J'ai dormis. Et j'ai fait des cauchemars. Je me suis réveillé plusieurs fois.

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