10/11/17 - Le vieux Château-Gontier


J'aurais adoré avoir une maison dans le vieux château-Gontier, bien chauffée, avec des draps et des tissus et des tentures partout. Tout en gardant une déco un peux vieillotte à l'intérieur, pour me la jouer bobo qui cherche à habiter LE lieu de caractère.

Dans le vieux Château-Gontier, les rues médiévales étroites il y en a quantité. les voitures ne passent pas partout. D'ailleurs des voitures, à Château-Gontier, on en voit pas beaucoup hors de l'axe qui relit Laval à Angers.

Château-Gontier c'est un passage obligatoire, mais c'est pas un lieu de destination privilégié. Alors, quand on se balade, en général, à part des vieillards et des étudiants par-ci par-là, tout est desert. Les âges intermédiaires courent de voiture à boulangerie, de voiture à banque, de voiture à école, de voiture à club sportif.

On se demande comment font les commerçant pour survivre. Je voyais dans le centre ville un maroquinier qui s'appelait un truc du genre "la mandarine". On voyait des sacs en cuir en vitrine, il y avait de la lumière, et je me demande bien qui achète ces sacs. Je suis pas sûr qu'il y ait une personne qui entre tous les jours.

C'est juste dans le vieux Château-Gontier que j'ai fait un stage de prothésiste dentaire. Un prothésiste qui avait monté un atelier dans une maison qu'appartenait à sa mère décédée. Une veille maison de bourg toute humide. On entre, on arrive dans le couloir, en face, un escalier en bois massif qui grince pour monter à l'étage. à gauche une porte en bois avec vitre brouillée qui donne sur une petite pièce qui devait être la salle à manger. à droite, une marche qui nous sépare d'une autre petite pièce qui devait être la cuisine.

Dans la salle à manger, les plans de travail, avec les fers à souder, la cire, les fils de fer, les lampes, les produits chimiques, etc. Dans la cuisine, le four à métaux, la ponceuse et les lieux de nettoyage et de coulage des moules en plâtre.

Quand j'ai fait ce stage j'étais en dépression profonde (comme d'hab), et le maitre de stage s'est plein au prêt de la responsable de formation d'orientation. Je lui ai répondu un peu sèchement. On a gueulé l'un et l'autre. Et pour finir il m'a donné des choses à faire, je les ai faites, et je suis parti poliment en disant merci.

A côté du vieux Château-Gontier, il y avait mon orthophoniste en 1998, ma dentiste sadique perverse qui économisait les antidouleurs, il y avait le lieu des prises de sang, il y avait la diététicienne, il y avait les attentes dans la Renault 19 sur le siège bébé. Je pense que tout ça participe à me rendre déprimante la ville.

J'ai pas de souvenirs exclusivement agréables là-bas.

Aujourd'hui, quand je vais à Château-Gontier c'est pour trouver des maisons au formes orginiales, en grand nombre, sans croiser beaucoup de monde, mais en général j'en reviens avec des envies de suicide.

Quand j'allais en stage là-bas, j'ai croisé une fille blonde, magnifique, un sosie d'une fille qui voulait sortir avec moi au lycée. Ca m'a complètement déprimé, moi qui me trouvais seul, là dedans, à subir, à avoir froid, avec des gens pas joyeux. C'est à cette période que j'ai commencé à avoir la haine contre les femmes de manière plus marquée. Je trouvais que c'était injuste que l'autre elle me passe sous le nez, et qu'elle fasse le lien entre le premier échec et là où j'étais. Je comprenais qu'elle était là pour me dire : "tu vas souffrir en tonnes, et ça va pas se terminer, jamais". C'est pour ça que j'ai voulu faire de l'informatique aussi. Je voulais un bureau, un chauffage, et un petit ordinateur en plastique chaud. Je me disais : vas réussis en informatique et quand t'as réussis à avoir un salaire au chaud, tu reviens pour tout racheter : femmes, enfants, maisons, villes, pays, planètes, univers, et tu exiges qu'on produise du bonheur à la chaine, à en faire exploser les usines.

Là, elle, elle était la sosie d'une fille connue il y avait 7 ans. Elle sortait d'une voiture, entrait dans une maison avec un carton dans lequel il y avait un gâteau de patisserie. Je voyais la patisserie, sa voiture : une plus belle et plus récente que la mienne. Elle avait l'air jeune, un tout petit peu plus agée que moi. Et elle semblait avoir plus que moi à tous les niveaux. J'imaginais qu'elle devait être en couple avec un Maxime et qu'ils devaient avoir quelques gosses. J'avais envie de la haïr.

Mais bon, là ça va mieux, je la déteste plus. La haine j'ai réussis à l'éviter en acceptant totalement l'échec. Je l'ai fait après coup, voyant que j'étais trop malheureux. C'est là que j'ai commencé à faire du vélo sur la ligne de chemin de fer Laval Renazé. C'est là-bas que j'ai développé les idées d'infini complexité de la nature et de cubes humains ridicules détruisant la beauté du non-humain. Je me suis mis à triper en regardant des végétaux, des paysages, des trucs, en me disant que je pouvais passer ma vie à le faire et y tirer une fascination totale. Ca marchait, jusqu'aux menaces de mort de 2014. J'étais assez heureux, j'avais un bon système de pensée pour rendre mon abandon par la société tolérable. D'ailleurs c'est celui-là que je reprends aujourd'hui dans mon blog.

Parce que ce qui me rendait malheureux c'était de pas avoir accès au minimal relationnel pour obtenir une reconnaissance sociale, avoir des portes qui s'ouvrent, et pouvoir jouer la partie. Mais puisque cette partie est futile, j'ai pensé qu'on pouvait relativiser, et se droguer. Triper. La philosophie, pour moi c'était une drogue. J'aimais bien quand ça devenait vertigineux, que ça nous dépassait, qu'on se perdait dans un brouillard de non sens, ou de questions insolvables. J'écoutais AVR dans ces conditions. Je la voyais comme un rêve psychédélique pour ratés économiques qui cherchent le bonheur par d'autres moyens.

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