28/07/17 - Pas de vengeance

J'ai passé l'âge de la vengeance. C'est au collège que j'ai subis ma première trahison, traumatisante, car mon monde fragile menaçait de s'écrouler.
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Quand la trahison a eu lieu, le gars était à  mes yeux le plus gentil de tout le collège. J'étais contant de je fréquenter, on avait sympatisé, on passait les récrées sur un banc à regarder les débiles jouer au foot. Et moi qui venait d'une histoire avec une fille qui m'avait complètement couillonné, je cherchais des "potes" fiables.

Puis, ce gars, fiable, un jour, en sortie scolaire, en Angleterre, a essayé de me descendre brutalement aux yeux des autres.

C'était une gaminerie. Mon sac puait le camembert, j'avais une part de camembert pour mon pique-nique. Il a commencé à me renifler. Il m'a dit que je puais. Il a hurlé à qui voulait bien l'entendre que je puais, et il a voulu me frapper par derrière à plusieurs reprises.

Sur le moment j'ai eu peur. Je me suis dit que j'allais finir victime, qu'on allait me tabasser à 10 contre 1 comme on le voyait dans les cours de récrée. Mais évidemment, c'était une crainte irrationnelle puisque j'avais du réseau. Une grosse brute s'était engagé à me défendre, j'avais tous les marginaux avec moi, et aussi les lents du bulbe.

Alors, fou de rage, je l'ai saisis pour le tabasser, mais un pote à lui s'est interposé. J'ai rien dit. Le voyage s'est terminé. 15 jours plus tard venaient les vacances scolaires, et je ne l'ai plus revu.

Alors, le traître, je m'imaginais un moyen de le tuer. Lui frapper la tête contre un mur, l'étrangler, le pousser sous le car scolaire. J'avais une rage incommensurable en moi et mon corps tout entier se raidissait en pensant à ma vengeance.

Je dessinais tout le temps. Des corps découpés par des épées. Beaucoup de sang. Des morts. Des cadavres. Et un pote à moi, Nicolas, me faisait remarquer que ces dessins étaient anormalement sanglants.

Dans ma tête, le traître devait mourir.

Je me suis dit longtemps : si je le recroise dans la rue un jour, je lui ferai une crasse, caché, sans qu'il la voie. Qu'il se fasse mal, très mal. Qu'il souffre mille fois plus que ce que j'ai souffert.
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Et puis le temps est passé, ma rage à diminué, et j'ai progressivement abandonné l'idée de me venger.
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Si je le recroisais aujourd'hui, j'aimerais juste pouvoir l'observer, le décrire et le mépriser.

Mes recherches pour comprendre l'être humain trouvent leurs origines dans ces quelques trahisons que je n'oublierai jamais.
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En tout cas, depuis, je n'ai plus voulu me venger de personne. J'ai accepté que l'humain est mauvais. Et je veux juste pouvoir détester, et me dire que cette haine est mérité.
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Il y a eu la primaire.

Il y a eu le collège

Il y a eu l'internat.

Une pause sous Guillaume.

Il y a eu 2014.

Il y a eu 2015 et 2016.
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Et bien, je ne compte pas me venger. Mais si la justice a son mot à dire, je ne dis pas non.

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