28/07/17 - La fonction de mes textes, ne rien dire

La fonction de mes textes j’en ai déjà parlé. J’aimerais m’y remettre un peu, mais j’ai pas espoir que ça mène à grand chose. Alors allons-y.

Tout d’abord, le texte, j’en écris beaucoup. Pour aller vite, disons que j’ai pas arrêté d’écrire depuis des années. En quantité, ça doit représenter 10 ou 15 000 pages. 10 à 15 000 pages de MSN, Skype, Twitter, Blogs, chat de jeux vidéos, fichiers Words, CV, lettres de motivations, et courriels.

En suite, la fonction de ces textes. On va écarter les CV et lettres de motivations parce qu’on s’en fout.

Il y a eu MSN, lieu de : mes premiers flirts en ligne, découverte d’émoticones, découverte de rotten, discutions autour de la télévision, discustions autour de l’école, films, séries, jeux, etc.

MSN a été arrêté, j’ai basculé sur Skype. Il n’y a plus été question que de dialogues de sourds avec Guillaume. Il parlait jeux vidéos, modèles de pièces électroniques, modèles de consoles, caractéristiques techniques de consoles. Moi, je parlais de politique, et je m’amusais à jouer avec Guillaume en le faisant aller entre sensation de toute puissance et sensation de nulité.

MSN était un dépucelage numérique dans lequel je prenais en pleine gueule toute sortes de violences et j'exerçais toutes sortes de violences avec des autistes du net et des jeunes internautes des deux sexes. Quant à Skype, ça a été d’avantage un lieu d'entraînement pour m'exercer à la manipulation. Mais, dans les deux cas, le texte remplissait une fonction de communication.

Dans les jeux vidéos, on avait des systèmes de messagerie instantanée, mais ce qu’on y disait était comparable à ce qu’on peut dire à un collègue de travail au téléphone. On se donnait des rendez-vous, des informations utiles, qui visaient à réaliser des tâches. Le texte avait une fonction administrative avant tout, et un certain nombre de conventions existaient, du genre : GG, Noob, IRL, Agrro, PNJ, PVP, PVN, etc. Mais en ce qui concerne la socialisation, on se limitait au bonjour, aurevoir, et aux insultes.

Pendant Skype, j’ai commencé des monologues que j’ai poursuivi sur Word. Dans ces monologues, il était question de menaces de mort, de souvenirs d’enfance, d’opinions sur le vie, la mort, etc. Le texte avait donc une fonction d’archivage des pensées. Il répondait à une angoisse, celle d’oublier, ou de ne pas réussir à dire exactement ce qui m’était arrivé.

Et puis, face au harcèlement médiatique diminué, j’ai poursuivi mon monologue en le faisant vaguement coïncider avec l’actualité. Il s’agissait de commenter le commentaire fait de mon commentaire et de ce qu’on pouvait en déduire. J’ai fait celà sur twitter et blogspot. La fonction de ces textes était donc de dialoguer indirectement avec un sujet qui dialogue indirectement avec moi. C’était une toute nouvelle forme de dialogue.

Devant l’absence d’interlocuteur, j’ai quand-même, pour ne pas devenir fou, choisis une ambassadrice (devenue ma femme virtuelle, suite à un mariage forcé) qui serait un sujet privilégié et une preuve empirique que je ne suis pas fou (entre autres) : Adèle Van Reeth.

Alors, aujourd’hui, après avoir dialogué avec des lycéens, étudiants, smicards provinciaux, moi-même, et enfin des journalistes, je me demande s’il est possible d’emprunter une nouvelle voie, de donner une nouvelle fonction à mes textes. J’ai pensé à la littérature mais ça me semble un peu compliqué, et j’aurais le sentiment de refaire ce qui a déjà été fait péniblement avant moi. J’ai pensé à la bande dessinée, au script, etc. mais j’en avais pas envie. Donc qu’est-ce qu’il restait ? Soit poursuivre ce que je faisais en acceptant que ce soit n’importe quoi, soit me mettre à écrire des nouvelles, ou des textes plus longs (10 ou 15 pages Word).

La fonction du texte c’est pas tout, faut le savoir. Mes textes à moi ils sont assez creux, j’essaye pas d’y mettre forcément grand chose. Je fais en sorte qu’ils ne nous disent presque rien. Je les vois comme un exercice égoïste d’association de mots pour moi-même. Parce que je sais que ma vie m’appartient et que tout ce que je vois, je sens, j’écoute, je comprends, ne doit pas être écrit. Je ne veux pas être pillé, mais je veux faire quelques choses de mon temps libre. Je suis un anti compétition qui ne mise pas son capital. Ma richesse c’est ma richesse, point barre.

Puisque j’écris pour ne rien dire depuis des lustres, j’ai eu le droit à tous les commentaires sur le bonhomme qui produit ces textes. Ca parlait de mon zizi, de mon troue du cul, de mon gras, de mes habitudes alimentaires, etc. Je me suis dit que c’était une bonne occasion de puiser dans les sources d’inspiration de mes commentateurs. J’aime à disserter, en plus du rien, de mes excréments, de ma digestion, mais aussi de sujets plus “acceptables” comme la peur, la pauvreté, le renoncement, l’excitation, l’amour, et beaucoup de sentiments qui, donnés bruts ne disent pas beaucoup plus de choses que rien du tout.

C’est mon rapport au rien qui fait que je me vois comme un artiste contemporain. C’est un choix, le choix de faire reposer la valeur de ce que je fais sur moi seul. Je ne me considère plus comme un auteur, mais comme un employé du texte. Je ne produis plus une oeuvre mais de la ligne. Je ne fais rien, tout en faisant quelque chose. Je suis un acteur textuel de littérature réalité.

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