24/07/17 - En marchant, la mort, la vie

En terminant ma marche, aujourd'hui, je me suis dit que j'avais faillit mourrir, éprouvé les pires souffrances, et que j'étais, là, en train de terminer ma formation de routier pour consumer ma vie dans le métier de routier. Levé tôt, couché tard, lessivé à la fin de la journée, le corps et l'esprit HS.

Je me suis dit que c'était étrange. Que j'aurais peut-être mieux fait de consacrer ma vie à l'après événement. Je me disais qu'une pensée profonde, ou quelque chose du genre aurait été bienvenue.

Je me demandais comment j'avais pû en arriver là, à retourner vivre une petite vie monotone et banale.

J'arrive même plus à me souvenir des sensations inhumaines que j'ai éprouvé. C'est comme si ça n'avait jamais eu lieu. Ce qui me reste de tout ça, c'est les projets avortés, les rêves abandonnés, l'injustice, l'impunité des autres, le renoncement à beaucoup de choses, et des souvenirs vagues.

Comment c'est possible de vivre ce que j'ai vécu et d'oublier ?
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Ce que j'ai appris en tout cas c'est que le mode de vie banal, anonyme, occidental, est un luxe. Aller au travail, pour tourner des boulons, de 6 heures à 18 heures, 6j/7, dans l'huile et le bruit, c'est un rêve inaccessible lorsqu'on est en train de vivre ce que j'ai vécu.

Donc, routier c'est nul, mais c'est le sommet du luxe. J'aurais jamais pensé y arriver. Normalement je devrais être mort aujourd'hui. D'une crise cardiaque, d'un suicide ou d'un meurtre.

J'arrive pas à croire que j'oublie aussi vite ce qui s'est passé.
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Redevenir le cancre de service, muet, qu'en fout pas une. C'est formidable.

Allez pas me parler de réussite ! La réussite c'est ça. C'est quand tu redeviens un anonyme, fade, banal et sans problèmes.
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Je me vois bien seul chez moi à entretenir mon jardin, laver ma voiture, faire du bricolage. C'est ça le luxe. Quand la vie passe, sans soucis, sans éclats, et qu'on fini vieux, et qu'on a même pas vu le temps passer.

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