14/01/18 - Internat 6, 7, 8, 9 et 10
(Rien n'est inventé dans mes
rédactions internat, tout est vrai)
Internat 6
Si j'ai échoué mon année à
l'internat, en 2nd STT, c'est parce que j'étais dégoutté par les
corps des gens et épuisé par l'obligation institutionnelle de
rester collé à eux, tout en faisant un effort intellectuel
d'attention, compréhension et application de savoirs. En tout cas,
mes textes précédents semblent mettre au jour cela.
J'ai terminé l'année fatigué,
amnésique, paranoïaque, muet, je voulais mourir, et puis j'ai eu
une bonne chialade devant la prof principale qui, en passant, ne
m'aura rien épargné niveau répugances corporelles.
J'ai quitté mon pote d'internat, et
mon collègue taré, quelques jours avant la fin de l'année, en leur
disant que je reviendrais l'année suivante, mais je n'en avais pas
l'intention.
A la fin de l'année, le grand maigre
qui était toujours là, je m'en souviens, me regardait avec mépris,
je crois qu'il avait eu vent de mes résultats et qu'il commençait à
me voir comme j'étais réllement, un cancre sage qui se cachait pour
ne pas dévoiler sa médiocrité.
Il y avait aussi cet interne, un
intello, catho, une sorte de Gaël-Claude (nom que j'invente),
cheveux de 20 centimètres, frisés, chatains, dressés sur la tête.
Il me parlait gentiment toute l'année puis il a commencé à mal me
voir presque au même moment que le grand maigre.
Quelques attitudes ont changé à la
même période, vis à vis de moi, sans que je sache l'éxpliquer.
C'était en fin d'année, j'ai essayé de me dire que c'était une
période de relachement moral, ou de bilans scolaires, et que donc
tout ça devait être la cause de …
Il me semble qu'à cette période on
entendait des moyennes pendant les pauses. « J'ai 15 de
moyennes générale, et toi ? » « Moi ? 12 et
demie. Et toi ? » Moi je devais avoir 6 de moyenne à
tout péter. Mon pote d'internat était à plus de 18 de moyenne
générale, peut-être 19. Il faisait un sans fautes dans toutes les
matières, j'ai jamais vu ça de ma vie.
Ce dont je suis contant malgré tout
c'est mon petit 14/20 en mathématiques avant de terminer l'année.
Histoire de dire : « je pouvais réussir, vous avez juste
tout fait pour que ça soit pas le cas » (J'en suis autant
contant que mon 13 ou 14/20 en économie en DCG).
J'étais mort presque dès les premiers
jours, j'aurais pas pû réussir dans ces conditions. Quand tout le
monde vous touche, souffle sur vous, vous parle, fait des bruits, on
ne peut que s'enfermer en soit-même pour tenter d'échapper à sa
réalité.
J'avais peur qu'on dise que je ratais
mes études (parce que j'aurais été fainéant ou bête), que cela
aboutisse à un redoublement ou une réorientation, et que celà me
coute un enfer de retour chez moi. Je me suis forcé à tout cacher
de peur que ça se sache et que tout devienne pire. J'ai pensé à
truquer des bulletins (sur conseil de mon collègue), je crois avoir
fait des imitations de signatures sur certains documents de notes, et
je tempérais en me disant que la torture actuelle était moins pire
que ce qui m'attendait.
Quand la fin d'année est arrivée, que
la révélation a été faite, je suis entré en vacances, dépressif.
Rien de catastrophique. J'ai eu à rompre le lien … sur demande. Je
me suis glacé. J'ai retrouvé la vie d'avant, sans chaleur, sans
entousiassme, j'ai perdu tous mes amis, et je me suis collé devant
mon PC à commencer à regarder des manga.
C'est après mon passage à l'internat
que j'ai effectué un retour en enfance. Je pensais que l'enfance
était le seul souvenir de bonheur qui me restait, et que par
conséquent je devais chercher de ce côté. J'ai fait la rencontre
de Gui, qui, comble de change était aussi à ce stade de sa vie
(qu'il n'avait jamais quitté je crois) et nous avons commencé à
nouer une relation riche, qui s'est terminé suite aux conséquences
d'un harcèlement venu de la part de ceux qui nous avaient mis là en
nous empêchant d'accéder à la réalité.
Lui par égoïsme, autisme, je ne sais
pas ; moi par dégout des autres, hypersensibilité à leurs
pollutions sonores, olfactives, visuelles, etc.
Lui réussira dans la vie à bien
terminer, moi pas. La société sait traiter l'égoïsme, mais elle
ne sait pas traiter l'hyper sensibilité nerveuse.
J'ai pas envie d'être fiché
schyzophrène, c'est injuste. J'ai déjà eu une vie nulle, dans
laquelle j'ai tout vécu par procuration, il sagirait de pas en
rajouter.
Internat 7
Une fois par semaine, dans la salle de
pauses, le soir, on avait la diffusion d'un film. En général
c'était un film nul, sombre, avec des acteurs sans charisme, une
histoire sans intérêt. Genre film allemand, la même ésthétique.
Il y avait de l'action, peu de couleurs, du glauque, du bleu vert en
fait. C'était déprimant, et il y avait rien à retenir de ces
films.
On sortait des chambres bruillantes et
brouillantes pour descendre l'escalier froid du bâtiment, sortir
prendre une décharge de glace dans la cours ou il faisait noir, on
entrait dans la salle de pause, il y avait des bruits de chaises qui
frottaient par terre, des tables qui bougeaient, ça parlait,
chuchottait fort. On entendait des commentaires sur la position des
enceintes, l'image, etc.
En général, je grand maigre disait :
« je peux pas faire mieux, taisez vous ! ». On se
taisait et on regardait notre pauvre film aussi fade que ce qu'on
ingurgitait au self.
Je comprenais pas comment ils faisaient
les autres pour survivre. Je me disais que je devais être fainéant,
ou un mauvais élève.
Internat 8
A l'internat, on avait un richard qui
était amené et emené de l'internat en Jaguar V12, modèle d'avant
la révolution boulière de la marque, qui ressemblait encore à une
voiture.
On avait aussi un membre de l'équipe
de foot de Laval qu'est passé quelques mois. Il voulait sympatiser
avec moi puisqu'il venait du Maroc, mais c'était un footeux qui
faisait du foot et pensait au foot, je me suis dit qu'il pouvait bien
aller se faire foutre. J'allais pas ajouter le foot à tous mes
problèmes, non ?!
Donc je l'ai laissé à mon collègue
qui a fait du trafic de drogues et de fringues volées avec lui. Il
vendait du shit, du canabis, et des jeans.
Entre autres je me souviens de mon
collègue entrant en cellule (notre chambre), sortant un papier de
cellophane à l'intérieur duquel se trouvait une petite briquette
marron de shit qu'il avait acheté je ne sais plus combien le gramme.
C'était une affaire en or à l'entendre. Il en a revendu une part,
en a fumé un peu, et il a prit goût au commerce illicite.
D'ailleurs, c'est à l'internat qu'il a commencé à fumer.
Internat 9
J'ai attendu peut-être 50 % de
mes soirées au bord du baby foot, dans la salle de pause. Assis sur
un rebord de vitre. J'ai joué quelques parties. Ca m'a ramené au
temps où, en 6ème, j'étais assis sur un muret en briques en béton
à côté des tables de ping pong.
J'ai toujours préféré le spectacle
de l'insignifiance. La rage des Hommes dans un petit objet, est plus
rassurante que lorsqu'elle s'éxprime dans un objet immence.
Celui qui met toute sa haine dans une
balle de ping pong ne fera jamais autan mal que celui qui la met dans
un ballon de foot. C'est absurde d'équiper les rageux en rut de
moyens de nuisance et de mètres carrés de terrain. Ils devraient
pouvoir se contenter de petites choses, comme un jeu vidéo par
exemple.
On devrait pas mettre des rajeux en rut
dans la nature. Ca va comme ça la violence ! Stop !
Donc j'ai peut-être appris quelque
chose de la race humaine en les voyants jouer, allez savoir.
Internat 10
Je ne parlais jamais de ma propre
initiative, mais on m'interpelait tout le temps et je répondais. Mon
pote d'internat parlait beaucoup, et j'étais obligé de parler avec
lui. En plus d'être un surintello il était pécore. Alors il
parlait tracteurs, fermes, animaux, etc.
Ce qu'il disait ne m'intéressait pas,
mais j'étais comptant d'avoir quelqu'un avec qui m'afficher pour ne
pas renvoyer l'image d'un Rémis sans amis. Il venait vers moi par
lui-même, il me cherchait, il avait l'aimer me parler, et je payais
sa présence par mon écoute. Je tolérais sa bave et ses odeurs,
malgré quelques apnés discètes parfois.
Mon collègue quant à lui
disparaissait pour aller jouer au foot, ou gérer ses trafics.
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