09/01/18 - Internat, Ewoks
Internat
L'internat ! Ca a commencé très
tôt le matin, ou très tard le soir, on est tous arrivé, on a reçu
nos chambres, et on a été installé en fonction de nos affinités.
Moi je connaissais un type du Lycée, on a dit qu'on voulait être
ensembles, et on s'est retrouvés ensemble. J'étais en panique depuis
le premier jour, à pas savoir où j'étais et ce que je devais
faire. On a été installé dans une chambre à trois ou quatres, je
ne sais plus. Je me souviens d'un type maigre, brun, pas hyper grand,
genre Alévêque, qui a branché son poste de radio et mit à fond
Skyrock (ça commençait bien). Il nous a fait tout un discours sur
la réception radio chez lui, la réception radio ici, et il nous
donnait des trucs pour bien capter les bons canaux. Moi j'étais à
l'écoute, mon collègue (appelons le ainsi) échangeait 2 ou 3 mots
avec lui.
On a passé une nuit, ou deux, je ne
sais plus, comme ça, avant que le grand maigre qui nous serve de
surveillant n'arrive et me dise à moi et mon collègue que nous
allions nous retrouver dans une chambre à deux. Attention, chambre
est un bien grand mot, c'est comme une cellule de prison, même
taille, même agencement, une sorte de petit couloir avec à droite
un lit à deux étages, à gauche un bureau, en face une fenêtre, et
puis c'est tout. On est restés là toute l'année scolaire, toutes
les nuits, en hiver comme en été. Le bois du lit et du bureau était
clair, les murs et la fenêtre étaient clairs, je me souviens
d'avoir eu le sentiment que c'était moche. J'ai pris le lit du
dessus, mon collègue celui du dessous, j'aimais bien être là haut
et lui ça le dérangeait pas plus que ça.
J'avais un Sagem MX5 sur moi pour
pouvoir contacter la famille éxclusivement, lui il avait un Sagem
d'un autre numéro. On s'amusait parfois à télécharger des mini
jeux pour s'occuper, au risque de s faire engueuler par les parents
pour dépassement de forfait. Au cours de l'année j'ai changé de
téléphone, j'en ai eu un qui faisait la couleur et là j'allais sur
des sites de gifs pornos, lui aussi, et nous nous M+Z en silence la
nuit.
La première journée au lycée m'avait
fait rentrer en contact avec des populations de gens que je n'avais
jamais vu de ma vie. Des citadins. Des gens qui vivent dans les pots
d'échappements, qui respirent les égouts, qui fument, qui se
couvrent de déodorisant, qui s'habillent à la mode, et qui ont une
culture Skyrock/NRJ. Non seulement je devais m'adapter à un mode de
vie différent, mais en plus à un mode de vie plus rapide, qui
fonctionne en stroboscope, la seconde qui vient balaye la seconde
passé. Autant dire que c'était trop difficile pour moi, je n'ai
jamais réussis à m'adapter, il faut que ce soit dit. Je stressais
tout le temps, je suivais en parlant peu, et très vite je n'ai plus
du tout parlé, je me suis fermé et suis devenu un zombie/fantome
qui se déplassait en glissant de salle de chimie en zone fumeur, de
zone fumeur en salle audio, de salle audio en cantine, etc. Je
n'étais plus là, j'attendais que chaque seconde passe pour que la
fin d'année soit enfin là.
Donc, quand je rentrais à l'internat,
il fallait le faire à pied. On avait une heure d'arrivée à
l'interat qu'était définit, et il était interdit d'arriver plus
tard. Quand la cloche de fin de journée sonnait, je devais prendre
mon sac à dos qui faisait bien 15 kilos, et aller à marche forcée
jusque de l'autre côté de la ville, jusqu'à ce que cuisses et
mollets brulent. Je ne saurais pas dire pourquoi mais traverser la
ville avec mon sac, rapidement, je trouvais ça honteux un peu.
J'avais le sentiment qu'on me forçait à m'éxhiber devant tous ces
gens qui rentraient tanquillement chez eux pour aller s'installer
dans un fauteuil douillet, au calme.
Quand on arrivait à l'immaculée
conception, on passait la grande porte en bois, on entrait dans le
cloitre, on passait le petit carré d'herbe central surélevé, et on
se postait le long d'un mur, devant la salle de pause, pour attendre
l'arrivée du surveillant. Il arrivait, nous le suivions en
troupeaux, et entrions en salle de pause, une énorme salle, dans
laquelle nous avions des places attitrées et nous devions rester là
à faire nos devoirs pendant 2 ou 3 heures, en silence, sans autres
affaires que celles qui se trouvaient dans notre sac à dos (il
fallait donc emener avec nous le matin ce dont on aurait besoin le
soir pour faire ses devoirs). Moi j'étais tellement fatigués de mes
journées que je pouvais rien organiser du tout, je prenais pas les
bonnes affaires et je passais mes heures de pauses à attendre, à
écrire sur des bouts de feuilles, à dessiner, à regarder la
calendrier de mon agenda, mon emploi du temps, et à éspérer
décéder pour que tout ça cesse. En général je mourrai de soif
d'avoir du traverser la ville, et je ne pensais qu'à ma gorge seche,
à mon mal de dos, à mes jambes douloureuses, pendant que le grand
maigre était très loin devant, sur son bureau à lancer un regard
de temps en temps sur tout le monde.
Quand les heures d'études étaient
terminées, on pouvait aller en pause. IL n'y avait rien à faire à
part du babyfoot, fumer, ou faire du handball. J'ai fait quelques
parties de babyfoot, je ne fumais pas, et j'avais horreur du sport.
Donc, je restais sur le bas côté à attendre. En fait, du lever au
coucher j'attendais, même en classe.
Progressivement je suis devenu
dépressif et je souffrais de tout. Je ne pensais qu'à mourir ou
tuer des gens. Mes rappeurs je rêvais de les tabasser un à un.
Batte de baseball dans la gueule, caillasse dans le crâne, coup de
pied dans la tronche, cassage de membres, arrachage d'yeux, cassage
de nez, éxplosion de cage thoracique, je voulais tout leur faire et
pendant que je restais en silence à attendre, je les imaginais
mourrants de toutes ces formidables et sublimissimes manières. Même
mon collègue je voulais le tuer. Il faut dire qu'il était lourd.
Pour parler de mon collègue. Au début
il était le mec normal de ma campagne, comme moi, et puis il s'est
laissé corrompre par les Skyrock/NRJ. Branlettes en heure de pause,
demandes de fellations, bastons, consommation de drogues, commerces
de drogues et de produits divers, vol de matériel informatique à
des fins de revente, achat et vente de fringues tombés du camion,
état d'ivresse, il cumulait.
Alors donc revenons à l'après études.
Arrivé une heure précise, je ne sais plus laquelle, il fallait
aller au self, passer notre carte de self, et aller se servir de cette
chose qu'on appel de la nourriture. Des pâtes, frites, viandes,
légumes, entrées, desserts, mais tout ça n'avait pas de saveur.
C'était comme avaler de la gelée à la flotte.
L'atmosphère angoissante de la
cuisine, avec ses sons stridents de vaisselle, et ces gens qui nous
prennent en sandwitch dans la fille d'attente, me stressait encore
plus. Je tournais presque de l'oeil quand il s'agissait d'aller
manger à l'internat et au Lycée. Il m'est arrivé de pas pouvoir
boire, et d'avoir soif, et de préférer sortir du self pour attendre
14 ou 15 heures pour boire plutôt que de rester une seconde de plus
dans cet enfer.
Une fois la pause terminée, étude en
chambre. On devait s'assoir à nos bureaux de cellule et étudier
pendant encore une heure.
Interminable.
Enfin la libération. Accès aux
douches, toilettes, possibilité de discuter avec les autres, et
enfin éxtinction des feux. Dans le couloir rôdait un surveillant de
nuit qui nous interdisait de sortir des chambres.
Très tôt le matin, ACDC à fond dans
les couloirs, Db maximums, ça voulait dire : « on se
lève ! ». Dans le vacarme, on devait s'habiller, faire nos sacs, descendre les 5 ou 6 étages en escaliers pour courir dans
la cours, aller au self prendre le petit dej immonde qui était
servit, et partir à marche forcée de l'autre côté de la ville
pour arriver à l'heure en classe le matin.
J'arrvais donc au Lycée aussi stressé
et fatigué que la veille. Et la semaine était une accumulation de
stresse et de fatigue qui ne pouvait diminuer que le week-end.
Mon cerveau ne fonctionnait plus, à
tel point que j'ai presque tout oublié. Ce dont je parle m'est
revenu très récement. J'ai eu une amnésie presque complète de
toute cette période, comme s'il ne s'était rien passé. Il ne me
restait que le sentiment d'y avoir vécu un enfer sans pareil.
Je stressais pour deux raisons
principales : la première c'est que je cachais quelque chose
qui ne devait pas être sû, tout était donc, tout le temps, fait en
état de stresse post-traumatique. La seconde c'est que mon attitude
me causait des problèmes croissants, des gens me détestaient au fur
et à mesure sans que je n'y puisse rien.
La haine des gens, leurs manigeances,
leurs énergies et compréhension des codes supérieurs, leur nombre,
tout était contre moi, je ne pouvais plus que me taire et attendre
que tout cela se termine. Je voyais des gens victimes des autres, une
fille entre autres, je constais la cruauté et l'absurdité de tous,
je me demandais si j'étais pas dans une situations comparable, et je
me disais que c'était inadmissible mais c'était la vie. La fille a
été obligée de quitter sa classe pour aller en BEP, et moi en fin
d'année, même chose. En fait, la victime des autres est toujours
renvoyée vers des classes inférieures pour occuper un statut social
inférieur. C'est triste mais c'est l'humanité qu'en a décidé
ainsi.
Moi au Lycée, ceux qui me saoulaient
le plus c'était des baiseurs de boites de nuits. Un espagnol, un
zozoteur, un petit, un ado attardé, j'en oublis, qui formaient la
bande des clubeurs branchés qui tiennent un livre de comptes pour
connaitre le nombre de chattes visitées.
Ces types là, c'était des rapides, le
genre qui bouge vite et qui mise sur la théorie du chaos pour
arriver à leurs fins. En groupe, ils sont du bruit, balancent des
répliques, et quand l'atmosphère est surchargée ils peuvent violer
ceux qui sont largués. Les femelles entre autres, et les victimes
par le foutage de gueule.
Il serait idiot de penser q'ils étaient
intelligents. Ils ne l'ont jamais été. C'était juste des physiques
sans consience. Des vacarmeurs absents de leurs conséquences. Ce
qu'ils disaient, prit individuellement, était stupide, le signe
d'une connerie sans équivalent, mais produit en grand nombre ça
avait des effets et ils le savaient. Ils voyaient la vie comme une
compétition dans laquelle ce qui comptait c'était le pouvoir
d'abattre, pas l'objectif créateur du pouvoir.
Enfin bref … on me détestait, je
voulais tuer des gens. Tout ce qui était dit, je le prenais pour
moi. Je pensais être le centre de toutes les attentions. Je n'en
pouvais plus. J'ai été sur le point d'aller donner rendez vous en
dehors du Lycée à un karatéka pour qu'on aille se bastonner. J'ai
donné deux coups de pieds au cul d'une obèse insupportable. Et
c'est là bien peu compte tenu de ce que je souhaitais en moi-même.
Alors quand je vois des gens me dire
que je serais un fragile qu'il faudrait violenter pour qu'il
s'endurcit, je me dis que c'est pas connaître ma vie du tout. J'ai
déjà vécu le pire. Le reste c'est que dalle.
Se faire défoncer par tout le monde,
en face ou derrière et pas réagir, c'est ça le pire. Vous
trouverez jamais pire comme sensation à l'intérieur de vous. La
violence d'une agression n'est rien comparé à l'absence de réaction
vis à vis de celle-ci. Ca décuple par des milliards
Une claque dans la gueule devant tout
le monde, si elle s'accomapgne d'une tentative de claque retour
échouée, on pourra se faire une idée. Mais si on fait demi tour et
on s'en va comme si ça n'avait pas eu lieu, alors en soit il y a la
rage, la tension nerveuse, la douleur, l'agonie, l'asphyxie, la
volonté de tuer.
Ewoks
Quand j'étais tout petit j'ai regardé
3 ou 4 fois à la télé, à Noël, les Ewoks. J'adorais. Et donc je
me demande ce qui fait que j'aimais ça. En y réfléchissant, je
pense que c'est simple, ça tient en deux points : premièrement
il y a des sapins, deusièmement c'est des peluches réconfortantes
dans un monde inquiétant.
On peut pas dire que j'aimais les
enfants. J'ai jamais aimé les enfants dans les films pour enfants.
J'ai jamais réussis à m'identifier à des enfants. Un adulte on se
dit : quand je serai grand je serai comme lui. Mais un enfant on
en a rien à foutre.
Il est à peu prêt connu que je suis
un amoureux des sapins. J'adore leurs formes, leurs odeurs, leurs
couleurs, tout. C'est toujours agréable d'être au milieu de sapins.
Le bois coupé de sapin aussi, ça sent bon, la sève de sapin ça
sent supra bon. Les sapins en été … c'est formidable ! En
hiver … magnifique. Quand il neige, quand il vente, quand il pleut,
… on se lasse jamais des sapins.
Quand j'étais ptit, aller jouer dehors
ça voulait dire aller à côté des sapins. Aujourd'hui, aller jouer
dehors c'est aller sur le carré d'herbe entouré de barrières en
metal, ou dans la rue. Sauf pour les ultra riches qui ont des
pavillons avec jardins sophistiqués.
Et puis les peluches dans un cadre
inquiétant. La bande son est quand-même super inquiétante. Des
coins de végétation avec des bruits d'animaux étranges partout
autour. On se dit toujours : « moi à leur place je
commence à me dire que je vais décéder ». Il faut le faire
quand-même ! Arriver à s'écraser dans un coin paumé comme ça
et pas s'inquiéter du tout de ce qui pourrait éxister de menaçant
dans les environts, de l'échelle nanoscopique à macroscopique, du
petit parasite à l'animal féroce. Et puis ils ont pas l'air très
costaux ces nounours sur pattes. Si un truc arrive, vaut mieux pas
compter sur eux pour défendre quoi que ce soit. Ils sont bons qu'à
recevoir des calins.
En fait, on a envie de s'imaginer dans
ce monde et on se dit que le mieux à faire c'est de prendre dans ses
bras une de ces peluches et d'attendre que les parents arrivent.
Je sais que quand je regardais ces
films, que j'adorais, je finissais par faire des cauchemards. J'ai dû
me réveiller la nuit et aller saouler tout le monde parce que
j'arrivais pas à dormir, c'est possible. En général, j'allais
ouvrir la porte de la chambre des parents, et je disais que
j'arrivais pas à dormir, avant qu'on ne me dise d'aller dormir.
C'est dire l'utilité du déplacement. Parfois ça allai, parfois ça
gueulait dur. Et je retournais à mes cauchemards toute la nuit.
Je me souviens d'un rêve que je
faisais souvent, étrange. Je me trouvais dans la ferme, ou a
l'école, ou je ne sais pas quoi. Un dinosaure arrivait, panique,
tout le monde cours, essaye de fuir, des gens se cachent en groupes
dans des coins en attendant que la bête arrive. Des disaines de
péripéties. Puis venait le final : il était là, je veux
fuir, je n'arrive pas, je cours dans le vide, et il me marche dessus.
Il y a de quoi faire des cauchemards
quand-même là. Une peluche qui décède, un géant hideux qui fait
un son attroce et qui ressort d'un gouffre sans fond ; les bons
meurent et les méchants sont increvables.
Ca veut dire que mêmes les peluches
sont impuissantes dans ce monde de brutes. Tout est perdu. La mort
est sur le point d'arriver et on y pourra rien du tout.
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