03/04/18 - J'ai faim, silence


983ème article. Plus que 17 et j'aurai atteint le 1000 ème.

Je devrais arrêter de parler et d'écrire. Je me lancerai dans de nouveaux projets non partageables.

Au passage, AVR, quand j'arrêterai ce blog, et que j'aurais peut-être perdu l'envie de continuer twitter après ces 3 mois écoulés, on fera comment ? Je vous enverai des lettres manuscrites tous les deux mois ?

Parce que, de mon côté j'ai a peu prêt moyen d'être calme et bien, dans un silence total sans médias entrants (sauf vos émissions) ni sortants.


Quand je ferme ma bouche j'ai toujours l'impression qu'elle ne s'ouvrira jamais plus. Elle est lourde, comme fixée dans sa position. Je vide mon esprit de tous les mots qui pourraient s'y trouver, et je n'ai plus qu'un rapport direct au réel.

Dans mon réel sans langage, tout me parle en formes, couleurs, sons, textures. Une forme laide me transmet sans mots toute sa laideur, elle me fait violence, me provoque, et me fait savoir qu'elle aura toujours la possibilité de me montrer sa laideur, tout le temps. Une forme belle me réchauffe le coeur, je scrute ses détails et j'aime cette forme sans avoir à en parler.

Je suis demeuré, c'est à dire que je ne tolère que le beau et l'agréable. Je suis raffiné. Je m'éxtasie dans le kitsch le plus total.


Quand je commence à me taire, au début j'entre en tristesse chaude, et à mesure que le temps s'écoule je ne ressens presque plus d'émotions. J'entre dans une stabilité intérieure, calme, comme une eau sans vagues.

C'est une neutralisation de la parole et de sa violence.

Combien de temps s'est écoulé depuis décembre 2014 ? 3 ans et demie. En 3 ans et demie j'ai supporté le chaos des tempêtes verbales de fous furieux. L'un parle, l'autre ajoute, réctification ici, interrupation par là, et je parle plus fort, et je souligne que, et je cherche à savoir pourquoi, et ...

Le sujet d'un chaos : Qu'est-ce que vous faites tous, et chacun à la cafétéria ? Comment ça se fait que les caisses jaunes elles sont jamais à leur place (la moitié qu'a jamais entendu parler de caisses jaunes) ? Comment ça se fait que les voitures elles entrent aussi rapidement dans le parking, raisons générales, raisons individuelles ? Qu'est-ce qu'est le meilleur entre le café noisette et le chocolat chaud ?

A chaque fois j'ai mes raisons que j'arrive pas à sortir dans le chaos des paroles parce que dès que je parle ça entraine un silence gêné de la part de tous.

Donc, je pense qu'il sera temps, après mes 1000 articles, de me taire à nouveau. Et si possible pour de bon.


Pour moi, la parole c'est une corde à noeud coulant à laquelle on essaye d'agripper tout.

Quand on lance une corde, le geste est difficile, il nécessite force, précision, et observation. On fatigue à essayer de voir les cordes des autres. On est comme un pêcheur sans ligne soumis au petit bonheur la chance.

La parole, comme l'hâmeçon, elle amoche celui qu'elle attrape. Elle lui laisse des plaies vives ou un handicape à vie, et le range dans un sac où se trouvent tous les autres objets que le langage a attrapé.

Mais le silencieux, lui, il n'essaye d'attraper rien, il dérive loin, et trouve un coin calme ou évaluer les choses dans leur laideur, leur répugnance, leur horreur. Et aimer ce qui le mérite.



Vous savez c'est quoi l'ennemie de l'amour ? Le complot. Le complot est une horreur de la nature humaine qui, comme je l'ai dit, lance ses cordes à noeud coulant pour vous mettre dans un sac. Handicapé. Au milieu du langage. Malheureux. priant pour retrouver le silence.


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