14/05/18 - Je vis dans le noir


Modeste studio, mais tout à fait à la hauteur de ce dont a besoin un autiste solitaire traumatisé à la suite d'un viol et d'un harcèlement.

Là c'est l'évier. Au dessus duquel se trouve un miroir en rond. La serviette est accrôchée à un cercle métalique.


Les chiottes sont comme le reste dans un style daté, mais simple, donc dans un style harmonieux, disons, avec le reste.

Les couleurs sont dans le gris, rose pale, violet pale, ...


Moi je laisse presque toute la journée depuis plus d'un an les volets fermés. Je vis donc dans le noir.

Avant j'étais sur mon ordinateur, mais depuis qu'il est piraté et mis en panne de force je lis et je mange.

Je fais des aller retour robotiques, en comptant les cases du sol. Mon espace vital s'arrête à la 12 ème case. Mon pied fait un cycle à la 18 ème case. Le retour se fait par pose à 90° d'un pied sur la 9 ème case. Et je repars en comptant en inverse : 18, 16, 14, 12, 10. Les cases 13 à 1 sont hors de portée, donc je fais un L en ajoutant 2 case plus 1 à demi tour.

Pendant que je marche dans mes cases, en essayant de reproduire les mêmes pas dans les mêmes cases, je réfléchis à mes harceleurs, à ce que je pourrais acheter si je rognais sur la bouffe, à des dessins et peintures que je pourrais réaliser, etc.


J'ai une baignoire, mais la malheureuse fuit quand elle a envie et c'est alerte générale dans l'immeuble pour déclancher le plan fuite. On été refaits ses joints, tout devrait bien se passer.

Mon studio, je crois qu'à la base il était réservé à des prostituées du genre escortes girls. On s'était peut-être dit qu'on allait me faire devenir prostitué mâle, un truc du genre. La soeur qu'est dans le domaine juridique me parlait d'un copan à elle qu'était devenu prostitué mâle, c'était peut-être parce qu'elle savait.

Si c'est bien un studio pour prostituées, je devrais en être viré dans pas trop longtemps si je me dépêche pas à vendre mon cul. Ou alors le viol, la surveillance, tout ça qu'on y trouve est déjà LA prosittution minimale, comme une garantie.

Je sais pas comment ils font mais ils voient tout ce que je fais. Je dirais même qu'à la limite, qu'ils voient c'est moins un problème que pourquoi ils regardent. Moi ça m'a traumatisé de me savoir violé. Ca m'a fait devenir un sans projets collectifs. Ca m'a fait prendre la voie qui mène à la vie de SDF, de nomade.

Donc je vis dans le noir. Comme ça, au moins, je vois pas grand chose du studio et je vois pas ses limites, et je peux imaginer que cette nuit est infini. Je suis prisonnier de rien. C'est comme un voil sur moi. Je me cache ce qui les intéresses tant tous, ce corps qui vit.


Ca c'est le parcours que j'ai effectué dans le bois de l'huisserie. Les feuilles mortes à terre ont séché. Elles sont devenues une poudre qui se mélange peu à peu à la terre, formant un terreau on l'imagine.


Pour celui qui est attentif, on voit de belles choses sur le plan des humains de l'autre sexe. En voici un exemple très peu visible. Je le laisse pour dire que j'y étais, mais j'ai conscience que ça rend pas hommage à la réalité.

Pour revenir à la prostitution. Tout dans le studio sens le vagina. Il y a des cercles partout, des couleurs peau, des tapisseries décollées en forme de vagin,des robinets avec des ouvertes qui évoquent des diamants, un cercle jaune sur le sol comme une tâche d'urine, etc. on voulait sûrement que je prenne la relève.

Mais, entre nous, se prostituer avec les parents qui se touchent en regardant, ça me dérange. Donc, ils sont complètement tarrés tous ceux qui mettent en scène ce délire collectif.

Non et puis, hé ! On voudrait que je fasse tous les efforts du monde après de telles violences et de tels traumatismes ? C'est encore à moi de faire tout le boulot ? Je dois aborder de la fille ? Je dois faire de la relation avec de la fille ? Je dois m'assurer qu'elle ait de quoi payer ? Je dois trouver du gars ? Qu'il ait de quoi payer ? Comme avant, mais en plus difficile ? Faut pas déconner.

Vous faites une distinction entre les si et les non. Ceux qui disent oui et ceux qui disent non. Moi je serais un si, à ce qui parait. Le genre sida. Ou un non ? Je sais pas.

En tout cas, une chose est sûre, la traumatisme m'a fait devenir un radical du non. Je dis non à tout. Quand on a faillit mourir, on dit plus oui à rien. Ca peut paraitre paradoxal, mais c'est la vérité. Je ne veux rien.

Le SDF, en fin de compte, c'est celui qu'a choisit la seule vraie voie. Il faut être mort vivant pour le réaliser.

C'est triste à dire, mais je crois que si j'avais beaucoup d'argent je me saoulerais jusqu'au coma éthylique. Je voudrais entrer dans une ivresse dans fin, perdre contact avec la matière pour de bon, léviter dans un monde de "pas grave".

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