12/02/18 - 306 est partie

306 est partie. Ce soir je suis rentré, elle n'était plus là. J'ai pas voulu chercher en moi le sentiment que ça me faisait éprouver. Je sais juste que ce matin elle était encore là quand je suis parti. Elle était couverte de givre. Elle avait l'air abandonnée, seule, sur ce parking depuis lequel elle a démarré des milliers de fois. Elle m'a fait de la peine. Je me suis dit que je pouvais bien la faire tourner encore un peu pour lui vider son réservoir, mais elle est plus là.

Elle date de quand j'étais encore à la ferme. Elle a remplacé ma vieille AX bordeau, qui s'est faite sauvagement arracher le museau à un carrefour par une Mercedes.

La 306 c'était, contrairement à l'AX, le passage à la petite ingéniérie minutieuse. On avait des matérieux plus fins, une puissance augmentée et linéaire, elle faisait du bruit, et semblait ne jamais vouloir abandonner.

Poubelle oblige, elle y est passée. Elle approchait des 400 000 km.
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Quitter la ferme c'était traumatisant, mais quitter la 306 ça ira. J'ai l'impression de l'avoir fait vivre assez. Elle aura été à Lyon, à Coudeville, Elle pourra s'en aller sans regrets.

Si elle ne m'avait pas fait sentir son odeur de freins cramés dans le coin de Clermont Ferrand, j'aurais trouvé ça triste.

Si elle n'avait pas fait de tête à queue dans un rond point humide, j'aurais trouvé ça dommage.

Si elle n'avait pas quitté la route pour aller terminer sur un talus en terre, j'aurais trouvé que ça aurait manqué.

Elle aura laissé un souvenir séduisant.

Mais, elle est quand-même triste à voir quand il fait froid et qu'il n'y a personne pour la démarrer. Parce qu'elle laisse entrer l'air éxtérieur et ça lui refroidit tout dedans. Il faut mettre en route son chauffage. Je m'en veux parfois de pas aller dedans pour le lui allumer. Un peu comme le chien à la ferme, qu'on allait trop peu voir.