26/12/17 - [...] le chemin du retour



- C'est difficile d'écrire hein ? Avoue !
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que je lis ton blog parfois. C'est pas fameux.
- Je sais … j'arrive pas à le relire moi-même.
- Alors pourquoi tu l'écris ?
- Parce que ! J'ai pas autre chose à faire de plus utile.
- Mais ça sert à rien !
- Si
- C'est moche, c'est mal écrit, et puis on s'en fout de ce que t'écris
- Tu t'en fout toi, moi aussi, mais c'est utile quand-même
- Tu pourrais pas faire autre chose ?
- Non … je sais faire que ça. Je me dis qu'abuser de ce que je sais faire, ben, ça permet de pas me laisser démonter par les agressions qui me ciblent tous les jours. Et puis, je me dis que si je sais faire x, je saurais faire x+1 à la fin de ce blog, tu vois ? Je veux dire … on a tout à gagner à abuser, tout le temps. Tu penses pas ?
- Ouais mais conrètement ? Là tu causes, j'entends rien.
- Oh et puis ta gueule ! J'en ai rien à foutre de ton avis.
- … pffff

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Ca fait longtemps que je n'ai pas écrit de textes. Parce que pour écrire il faut avoir quelques choses à dire. En ce moment, j'ai abandonné Twitter, j'ai abandonné le monde dans la volée, et je me suis renfermé sur moi et mes quelques pâtes à modeler audiovisuelles. Il y a les trois Westernes : les films « […] Trinita [...] » avec Bud Spencer et « Pour quelques dollars de plus ». Ces films je les connais bien, je les ai vu au moins une cinquantaine de fois en VHS, et je les ai vu une dizaine de fois ces derniers jours. Les Trinita distrayent longtemps, mais l'autre est plus difficile. Il faut être en sacrément bonnes conditions pour se les repasser encore et encore ces cowboys qui chassent le hors la loi.

Les films avec Terrence Hill et Bud Spencer se déroulent toujours de la même manière, ils racontent la même histoire, mais dans un lieu et avec des personnages différents. Je trouve que c'est bien. Comme ça on est pas déçu. C'est comme reregarder le même film qu'on a aimé en se permettant de voir à quoi il ressemblerait si on changait deux ou trois choses par-ci par-là. Ca évite les suites de films décevantes comme on en voit souvent dans le cinéma. Et puis c'est amusant parce que ça nous rend les personnages prévisibles, on a le sentiment de bien les connaître, et ça nous les rends attachants.

En me renfermant dans ma bulle, je me vis comme avant décembre 2016. Je suis seul face au rien, il faut avancer, aveugle, il fait froid, il fait mal, et je me dis que ma vie ne dépend que de ma force physique, mentale, et financière.

Je regarde mes films avec la sensation de me tuer dans cet effort, à chercher ce que je n'arrive pas à trouver.

Si je fais tous ces efforts inutiles c'est parce que je me sens pas du tout capable de retourner voir les autres pour travailler, causer, me distraire, ou quoi que ce soit qui a à voir avec la vie. Je me sens impuissant à retourner dans le monde, de manière définitive. Je panique partout, je fatigue, et je ne vois plus le monde que comme une grosse brute sourde et aveugle qui frappe tout ce qui l'approche. Je sens que la vie est impossible, j'ai pas la force pour l'effort qu'on me demande, donc je me dis qu'il ne me reste plus qu'à faire tout ce que je peux faire seul, en faisant beaucoup d'efforts, jusqu'à ce que mort s'en suive, et dans mon cas précis la mort viendra très vite.

J'arrive plus à prévoir quoi que ce soit de positif à aucun niveau. J'ai plus de rêves. Je fais pas de cauchemars, c'est déjà ça. Tout ce que je sais c'est que je ne veux pas qu'on m'approche et que je veux approcher personne. Je voudrais disparaître dans un monde où on a pas à craindre les autres et leur haine. Une sorte de bulle vide dans laquelle on peut se laisser emporter par le néant, à la dérive, sans craindre les conséquences. Une bulle dans laquelle on peut se détendre en arrêtant d'angoisser pour de bon. Mais je vois pas comment y arriver. J'ai tout le temps les voisins qui viennent ruiner mon tête à tête avec solitude, si c'est pas les voisins, c'est des voitures, ou des marcheurs, ou d'autres gens.

En fait, je crois que Solitude c'est mon plan B. Je me fais très mal en fonçant vers le rien du tout. J'ai froid, j'angoisse, j'ai le cœur qui est douloureux, je fatigue, … et là solitude est ma seule issue. J'ai besoin de me retrouver avec elle pour enfin me détendre, et revivre. Et, étrangement, quand je commence à me faire très mal, j'ai les voisins qui s'éxcitent, c'est là qu'ils commencent à remuer, faire du bruit, et à se manifester le plus, tout au long de la journée, m'obligeant à souffrir en multiple jusqu'à me retourner vers solitude.

En ce moment je lis « Le Hobbit » de Tolkien, et je me reconnais en Golum. En fait, Golum et moi on est très semblables. Golum c'est un Schizophrène qui se parle à lui-même, qui est rongé par l'angoisse, la solitude, la faim, la jalousie, etc. En passant, lui aussi à de grands yeux. Et on nous dit qu'il vit dans une grotte sombre, humide, boueuse, dans laquelle se trouve une sorte de lac (je crois). Moi il m'a fait mal partout (surtout à la nuque) quand j'ai lu son histoire. C'est terrible quand-même sa vie, non ? Et bien Bilbot arrive, il lui vole son précieux, il le maltraite, et on nous le présente comme le héros formidable qui sort vainqueur de sa confrontation héroïque avec le monstre. C'est triste, et en même temps ça me rapproche encore plus de Golum parce que j'ai l'impression depuis le début qu'il m'arrive la même chose. J'ai l'impression d'être le monstre horrible qu'il faudrait combattre, et dont tout le monde pourrait s'enorgueillir d'avoir blaissé la chaire et l'âme. Je les entends tous parler de scores, de victoires, de win, de loose, et j'ai l'impression d'être Golum en face de Hobbits déglingués qui viennent m'agresser dans mon lac pour pouvoir aller crier qu'ils m'ont volé mon anneau et qu'ils ont battu la créature immonde. Je trouve ça terrible parce qu'on se sent impuissant face à ça, face à la connerie. Parce que là, le Hobbit, il est atteint de connerie.

Ce qu'est encore plus terrible, c'est que Golum il est déjà avec Solitude, il est déjà en train de lui parler, il s'est déjà retiré avec elle pour échapper au mal que la société lui fait. Et pourant, on vient l'agresser dans sa grotte malgré tout. Comme on le fait sur moi. Je suis tout seul, je demande rien à personne, et pourtant on me poursuit, où que j'aille, quoi que je fasse.

Je sais pas quoi faire, la famille me dit « ferme la, il n'y a rien, tout ça n'éxiste pas », et moi je peux aller voir personne par moi-même. Donc je souffre en silence. Je comprends pas pourquoi c'est « bien » de venir me faire du mal. J'arrive pas à comprendre pourquoi ils se sentent du côté du « bien » ces gens qui veulent me pourrir la vie. J'arrive pas à saisir en quoi je pourrais incarner le « mal » et donc en quoi me battre serait un devoir ou un éxploit honorable. Les gens ont pas autre chose à faire dans la vie ? Je sais pas ? Acheter des voitures ? Des maisons ? Rembourser des emprunts ? Respecter les objectifs de productivité dans leurs entreprises ? Effectuer des placements financiers fructueux ? Participer à des clubs de sport ? Aller au cinéma ? Lire la presse ? Lire des livres ? Faire du bricolage ? Cuisiner ? Faire le ménage ? Ranger leur bordel chez eux ? Apprendre à peindre ? Dessiner ? Sculpter ? Non ? Il faut à tout prix qu'ils me pourrissent moi ?

On peut même pas m'accuser de vagabondage puisque je ne fais que marcher 2 heures maximum sur des chemins qui sont très peu fréquentés. Je ne dérange personne et je suis dans la légalité. Donc je suis bien en peine pour trouver les causes de tout ce tintamarre.



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